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François Kollar. La France travaille

Entre 1931 et 1934, le photographe François Kollar (1904-1979) réalise un reportage dans une vingtaine de régions françaises, prenant plus de 2 000 clichés d’activités rurales, artisanales et industrielles, montrant hommes et femmes au travail, dans les mines, les aciéries, les filatures, les imprimeries, les chantiers navals ou les champs. Publié à l’époque sous la forme de quinze fascicules thématiques par les éditions des Horizons, ce témoignage passionnant constitue une véritable archive du monde du travail encore très manuel, à l’aube de la mécanisation et de la standardisation.

Au Jeu de Paume, une sélection d’une soixantaine de tirages complétée de quatre diaporamas montre l’étendue de son enquête documentaire, mais aussi la remarquable qualité technique et esthétique de cette œuvre en noir et blanc ; Kollar utilisant superbement la lumière et les contrastes, magnifiant les gestes des ouvriers autant que la puissance des machines, construisant des images épurées en jouant sur les lignes horizontales et verticales, leur ajoutant de la sensibilité, voire de l’humanisme par la force de son empathie vis-à-vis de ces ouvriers. Pour autant, alors que la crise frappe l’économie française et que les conditions ouvrières sont le plus souvent éprouvantes, il fera toujours abstraction de tout critère social ou de pénibilité à l’ouvrage dans ce grand photoreportage, qui est à la base une œuvre de commande à la gloire de la modernité.

Constituant le cœur de l’exposition La France travaille est une œuvre déterminante dans la carrière de Kollar, cet ancien ouvrier qui fut d’abord employé des chemins de fer en Hongrie, son pays natal, avant de devenir tourneur sur métaux dans les usines Renault de Boulogne-Billancourt, puis d’accéder enfin à son rêve de devenir photographe, en s’initiant chez des imprimeurs et dans des studios de publicité, avant d’ouvrir en 1930, à 26 ans, son propre studio de photographie à Paris.

Il acquiert très vite une certaine notoriété, réalise des campagnes de publicité pour des marques de luxe (Oméga, Christofle, Hermès, les parfums Worth et Coty…), collabore à plusieurs magazines de mode (Harper’s Bazaar, Plaisir de France…) et photographie des célébrités (Coco Chanel, Elsa Schiaparelli, Charles Trenet, etc.). Entre 1950 et 1960, Kollar entreprend de nouveaux reportages industriels, toujours au service d’une image positive de la France laborieuse, mais qu’il sait regarder « de l’intérieur ».

Le parcours de la rétrospective présente toutes les facettes de la carrière de François Kollar, au travers d’un ensemble de 130 tirages d‘époque dont certains inédits, et d‘autres issus de la donation de la famille du photographe à l‘État, en 1987.

Catherine Rigollet

Visuels page expo : François Kollar, Nettoyage des lampes. Société des mines de Lens. Lens (Pas-de-Calais), 1931-1934, épreuve gélatino-argentique, tirage d‘époque, 18 x 24 cm, coll. Paris, Bibliothèque Forney © François Kollar / Bibliothèque Forney / Roger-Viollet.
Fabrication des moulins à légumes, Usine Moulinex, Alençon, années 1950, épreuve gélatino-argentique, tirage d‘époque, 29,6 x 21,6 cm, donation François Kollar, Médiathèque de l‘architecture et du patrimoine.
Alsthom : assemblage des volants alternateurs de Kembs. Société Alsthom. Belfort (Territoire de Belfort), 1931-1934, plaque de verre, 18 x 13 cm, coll. Paris, Bibliothèque Forney © François Kollar / Bibliothèque Forney / Roger-Viollet.
Visuel page d’accueil : Emboutissage des couverts, Christofle, France, 1957-1958. Épreuve gélatino-argentique, tirage d‘époque, 30 x 21,6 cm, coll. Paris, donation François Kollar. Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 9 février au 22 mai 2016
Jeu de Paume
1, place de la Concorde – 75008 Paris
Tous les jours, sauf lundi, de 11h à 19h
Nocturne le mardi jusqu’à 21h
Plein tarif : 10€
www.jeudepaume.org