Gabriel DE LA CHAPELLE - Photographe

Dans les régions du rêve

Des paysages de brouillard et de cendre, de poussière et de sable plus certainement, habités de scènes surréalistes traversées par des personnages fantomatiques. Ainsi nous a d’abord été révélé l’univers de Gabriel de la Chapelle à travers sa série Dust Portraits.

Diplômé des écoles Duperré et Gobelins, le jeune homme choisit le graphisme par « pragmatisme » alors que les mystères et les jeux de l’image fixe et de l’image animée l’attirent déjà depuis son adolescence. Cette solide formation en arts appliqués l’amène à devenir graphiste en scénographie au Bon Marché, ce qui lui ouvre les portes du design, de la mode et du luxe. Des réseaux qui lui sont d’un évident secours lorsqu’il décide de se lancer comme photographe indépendant en 2008 à l’âge de 28 ans, histoire d’allier recherche artistique et travail alimentaire. On remarquera cependant qu’un même sens de la lumière, une ligne douce et claire pourrait-on dire, traverse ses séries, ses portraits et ses photos publicitaires. Gabriel le dit d’ailleurs : « Mon écriture photographique, c’est la lumière, sans doute influencée par mon passé de graphiste. »

En dehors de ses travaux de commande, le photographe voyage pour trouver l’inspiration, « pour nourrir ma lumière et mon esthétique », confie-t-il, les États-Unis et le Japon lui servant de réservoirs d’images de prédilection. Plus porté par une démarche artistique que par un projet préconçu, Gabriel de la Chapelle se laisse capter par l’ambiance des pays qu’il parcourt, en s’attachant presque toujours à détacher la figure humaine des décors naturels qui la subliment, la dépassent, voire la happent. D’ailleurs, l’artiste attache beaucoup d’importance au corps et au regard, dès sa première série L’autre, portraits volés dans le métro ou en voiture.

Revenons à Dust Portraits, cette série qui nous a séduits et intrigués. Il pourrait s’agir d’une incroyable mise en scène, où seraient convoqués les dieux et leurs avatars, les démons de la nature et les passions humaines dans des compositions qu’André Breton et ses acolytes surréalistes n’auraient pas reniées. En fait, il s’agit d’un reportage sur plusieurs années réalisé sur le site du festival Burning Man, rencontre artistique thématique, décalée et tribale, qui se déroule tous les ans dans le désert de Black Rock au Nevada. « Avec ce reportage dans des conditions extrêmes de tempête de sable, explique Gabriel, j’ai voulu faire quelque chose de poétique, de mystérieux qui se déploie dans le temps. C’est une expérience sensorielle et esthétique où le contexte disparaît. »

Sa prochaine quête artistique pourrait mener Gabriel de la Chapelle en Floride. Tout en continuant ses séries et portraits publicitaires, il dévoile ses photos plus artistiques dans des magazines, sur son site et son blog sans forcément se lier à une galerie. Mais, si l’occasion se présente… Maintenant que ce jeune artiste a, à l’évidence, affirmé un style singulier qui nous emmène dans les régions du rêve.

Texte : Jean-Michel Masqué (novembre 2015)
Portraits : Lionel Pagès

G. de la Chapelle, autoportrait

G. de la Chapelle, autoportrait

Dust Portraits. Burning man 3

Dust Portraits. Burning man 3

Dust Portraits. Burning man 8

Dust Portraits. Burning man 8

Dust Portraits. Burning man 14

Dust Portraits. Burning man 14

Dust Portraits. Burning man 10

Dust Portraits. Burning man 10

Dust Portraits. Burning man 13

Dust Portraits. Burning man 13

Dust Portraits. Burning man 11

Dust Portraits. Burning man 11

Limbes 2

Limbes 2

Limbes 10

Limbes 10