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All too human : Bacon, Freud and a Century of Painting life

Figures isolées ou portraits “narratifs”, peintres stars ou peu connus hors de Grande-Bretagne (y compris celui qui est peut-être Jack L’Eventreur), etc. Voilà une exposition d’une grande variété qui met à l’honneur les peintres britanniques figuratifs et réserve beaucoup de découvertes.

Au fil des cimaises se succèdent les portraits de David Bomberg, William Coldstream, Euan Uglow et Walter Sickert (que des écrivains contemporains supposent être le serial killer de Whitechapel). Leurs portraits offrent “la sensation d’une page arrachée au livre de la vie” mais suscitent un léger ennui qui laisse place à un renouveau d’intérêt dans la salle dédiée à Francis Newton Souza, peintre catholique né à Goa (1924-2002), dont La Crucifixion (1959) -un Christ noir écartelé réfutant toute l’imagerie traditionnelle occidentale-, et le portrait Negro in Mourning (1957) ont la force, voire la violence, des toiles de Basquiat, tout en rappelant le hiératisme de la statuaire cycladique ou des icônes.

On est loin de Lucian Freud qui, travaillant “à partir de gens qui m’intéressent et me sont chers … dans des pièces dans lesquelles je vis”, trahit une véritable empathie pour ses modèles peints sans complaisance, en ne cherchant pas à embellir, raffermir ou affiner leurs chairs exposées (Sleeping by the lion carpet, 1966). Bacon, lui, peignait à partir de photos, en particulier celles dont il avait chargé John Deakin, tel Portrait of Isabel Rawsthorne, 1966. Visage déformé pour en nier la ressemblance mais suffisamment ressemblant pour qu’on en oublie la déformation ! Sur une toile émouvante comme toutes celles qui ont trait à son compagnon George Dyer, Three figures and portrait (1976), deux personnages se contorsionnent dans un combat perdu contre la gravité ou contre la vie. Peut-être sont-ils même des portraits de Dyer (qui se suicida en 1971). Les scènes narratives de Paula Rego (The dance, 1988) sont-elles des portraits de famille, des scènes vécues, ou tout simplement des descriptions symboliques de son jardin secret ?
À chacun de les interpréter à son gré. Attiré par les noms de Bacon et Freud, on s’était précipité à la Tate, mais leurs œuvres sont peu nombreuses… D’où une légère déception que ne ressentiront pas les amateurs de portraits.

Elisabeth Hopkins

Visuel : Lucian Freud, Sleeping by the Lion Carpet 1996. Private Collection / © The Lucian Freud Archive / Bridgeman Images. Image courtesy Acquavella Galleries.

 A voir aussi jusqu’au 7 mai : Impressionists in London : French artists in exile 1870-1904
La défaite de la France par les Prussiens en 1870 et la Commune poussèrent à l’exil non seulement des Communards mais aussi des artistes, bien accueillis en Angleterre. Autour du marchand d’art Paul Durand-Ruel, se forgent les rencontres : Monet, Pissarro, Sisley, James Tissot. On y voit Carpeaux et Gounod. Quelques décennies plus tard, Monet y retourne, puis Derain… Une exposition bien documentée sur laquelle nous reviendrons lorsqu’elle sera au Petit Palais à Paris dès le 21 juin prochain.

Archives expo en Europe

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 28 février au 27 août 2018
Tate Britain
Millbank
London SW1
Du lundi au dimanche, 10h à 18h
Entrée Impressionnistes :17,70 livres
Entrée Bacon/Freud :17 livres
www.tate.org.uk/britain