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Rêve de monuments. Architectures imaginées, du Moyen Âge à nos jours

Face au succès de l’exposition Rêve de monuments, présentée à la Conciergerie à Paris, Du 22 novembre 2012 au 24 février 2013, le Centre des monuments nationaux a décidé de programmer une version condensée de cet univers fascinant ou le château est le théâtre de légendes et de contes merveilleux, dans quatre monuments à travers la France, jusqu’au 9 février 2014.

 Au château de Pierrefonds (Oise), du 5 avril au 16 juin 2013.
 Au château de Fougères-sur-Bièvre (Loir-et-Cher), du 22 juin au 15 septembre 2013.
 Au château d’Azay-le-Rideau (Indre), du 21 septembre au 24 novembre 2013.
 Au château de Maisons (Yvelines), du 7 décembre 2013 au 9 février 2014.

Dans sa première version, présentée à la Conciergerie à Paris, Du 22 novembre 2012 au 24 février 2013, Rêve de monuments invite au voyage dans la nébuleuse de l’imaginaire monumental gothique, entre réalité et vision idéale, entre monument existant, restauré (Le Mont-Saint-Michel), reconstruit (Pierrefonds par Viollet-le-Duc) ou reconstitué sur papier (Mehun-sur-Yèvre par Darcy).
En une étonnante symbiose, cette exposition se tient dans la plus vaste pièce gothique d’Europe, la salle des Gens d’armes de la Conciergerie, comme si ce lieu devenait lui-même un élément de l’exposition. Si ce voyage à travers les siècles n’est pas continu, il s’amorce à la fin du Moyen Age, évite l’âge classique qui est celui de l’ordre planifié ennemi du gothique et du rêve, puis reprend du XVIIIe siècle à nos jours, le champ d’investigation est très large et séduisant, illustré par 300 œuvres dans un parcours scénographié par Massimo Quendolo et Léa Saito qui immerge adultes et enfants dans un monde gothique, entre flânerie et rêve.
L’exposition privilégie le château, l’abbaye et la ville fortifiée, trois lieux ayant en commun d’être ceint d’une muraille, désirables et difficilement prenables. Une fermeture matérielle, militaire ou spirituelle qui suscitait désir d’y accéder, admiration, inquiétude, illusion. Deux versants s’opposent dès lors. La version lumineuse est celle de la chevalerie idéalisée par la légende arthurienne, Lancelot du Lac (vers 1480), la littérature courtoise du Roman de la Rose ou le Roland furieux illustré par Gustave Doré (1879). La version sombre alimente les fantasmes, les interrogations et les rêves. Le romantisme noir et la littérature anglaise fantastique, les films, concèdent une vision ténébreuse à des lieux d’épouvantes avec de belles captives enfermées dans quelque chambre secrète de donjon ou de couvent, des fantômes et le vampire Dracula. Certains monuments en ruines ou disparus conservent un aspect obscur et mythique tels La Bastille popularisée par des maquettes diffusées par Palloy dès sa destruction, le Donjon du Temple associé à la famille royale ou le Château de Tiffauges de Gilles de Rais devenu celui de Barbe bleue. Le goût des ruines médiévales remplace, dès la fin du XVIIIe siècle, celles de la Rome romaine chères à Monsù Desiderio. La vision romantique du monument se complaît dans la nostalgie et la réinterprétation comme en témoigne l’édition monumentale des Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France (1820-1835) ou l’édification du château de Neuschwanstein pour Louis II de Bavière. La dernière partie de l’exposition, foisonnante et prolixe, nous emmène dans le royaume des jeux et maquettes de châteaux comme le château-collège-monastère de la saga Harry Potter, condensé de décor gothique, des bandes dessinées (Merlin) ou des films (La Belle et la Bête) dans lesquels l’enfant s’identifie à un preux chevalier, un apprenti magicien ou une princesse.
Rêve de monuments intègre aussi des œuvres d’art contemporain, en résonance gothique, qui furent créées et exposées cet été dans des châteaux, abbayes ou palais dépendant du Centre des monuments historiques, Centre dont fait partie la Conciergerie. L’installation de Katia Bourdarel L’expérience verticale renvoie à une enfance idéalisée avec la silhouette du château de Walt Disney posée sur une balançoire. La vidéo de Marion Tampon-Lajarriette fait disparaître dans les flammes le manoir de Hitchcock, Manderley et celle de Romain Sosso, Encres noires, s’inspire des lavis de châteaux par Victor Hugo. La composition photographique de Didier Massard La cathédrale engloutie est une vision gothique noire des abbayes britanniques à l’abandon. Cette exposition rappelle des souvenirs aux grands enfants que nous sommes. N’avons nous pas construit d’éphémères châteaux de sable (comme le Château de sable de Romain Sosso) qu’une vague ou un coup de pied suffisait à ruiner ?

Gilles Kraemer

Visuel : Didier Massard, La cathédrale engloutie, étape intermédiaire, décor miniature et photographie argentique © Didier Massard, 2012

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 22 novembre 2012 au 24 février 2013
Conciergerie – Palais de la Cité
2, boulevard du Palais – 75001 Paris
Ouvert tout les jours de 9h30 à 18h
Plein tarif : 8,50 €
Billet jumelé avec la Sainte-Chapelle : 12,50 €
Tél. 01 53 40 60 80
www.conciergerie.monuments-nationaux.fr

 


 Catalogue « Rêve de monuments », commun à l’exposition de la Conciergerie et aux expositions de l’été 2012 dans les monuments du Centre des monuments nationaux. 184 pages, 184 illustrations. Éditions du patrimoine. Prix 29€.