Cité internationale de la Tapisserie à Aubusson

Du haut de ses cinq siècles et demi d’histoire, la tapisserie est toujours bien vivante à Aubusson. L’inscription en 2009 des savoir-faire et techniques de la tapisserie d’Aubusson au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO a suscité un nouvel élan. Et depuis le 10 juillet 2016, l’ouverture de la Cité internationale de la tapisserie au sein du bâtiment de l’ancienne École Nationale d’Art Décoratif (ENAD) d’Aubusson, réhabilité (8,5 M€ HT) par l’agence d’architecture Terreneuve, en témoigne. Les fines bandes de toile colorée qui habillent sa façade extérieure sont une réussite et une incitation à entrer dans ce lieu qui abrite désormais le musée (anciennement situé au sein du Centre artistique et culturel Jean Lurçat, à quelques centaines de mètres de là), mais également un centre de ressources, de formation, de développement et de valorisation des savoir-faire autour du tissage.

Si Aubusson n’a pas inventé la basse-lisse, elle a toujours su expérimenter et faire évoluer le savoir-faire. Le conserver, le mettre en valeur, le transmettre par la formation et le faire connaître au public est donc la mission que s’est donnée cette nouvelle Cité internationale de la tapisserie qui dispose notamment pour cela d’une collection de référence (330 tapisseries murales, 15000 œuvres graphiques et une cinquantaine de pièces de mobilier) permettant de retracer l’histoire de la production, depuis le XVe siècle jusqu’à nos jours.

Composé de trois espaces distincts, le parcours muséographique créé par l’Atelier Paoletti & Rouland ouvre sur une exposition de textiles issus de différentes régions du monde (Amérique du Sud, Amérique du Nord, Maghreb, Delta du Nil, Proche-Orient et Asie au sens large (Asie centrale, Inde, Chine, Indonésie, Japon), montrant l’universalité des techniques de tissage. Il se poursuit dans la salle des savoir-faire avec des dessins, des cartons (le fonds en totalise 15 000 avec ceux du legs Lurçat), des films et des documents, comme ce premier acte notarié prouvant, dès 1453, la présence d’une fabrication de tapisserie à Aubusson.
Toutes les productions sont évoquées (tapisseries murales, tapis d’Aubusson, haute-lisse, broderie sarrasine, tapisserie à l’aiguille, etc.), ainsi que la question de l’interprétation du projet du créateur par le lissier. Un grand métier de 7,60 mètres de large est à disposition des lissiers qui en feront la demande pour réaliser des commandes de grandes tailles. En contrepartie, ils s’engagent à accueillir le public pour des démonstrations dans l’atelier.

Clou de la Cité : la Nef des tentures. Ce vaste espace d’exposition à la scénographie en trompe-l’œil inspiré des décors de théâtre, présente dans un parcours chronologique une sélection de 80 tapisseries et tapis, issus de la collection ou de prêts. Pas de cartels au mur (l’éclairage est tamisé pour protéger les œuvres de la lumière ; elles seront d’ailleurs présentées par roulement), mais un livret de visite de 80 pages et des explications techniques à lire sur tablettes ou à écouter grâce aux souffleurs au sol, comme au théâtre !

Parmi les pièces phares anciennes : La Millefleurs à la licorne (XVe), la plus ancienne des tapisseries de la Marche (région d’Aubusson et de Felletin) connues à ce jour. Une Allégorie de l’automne tissée par le lissier aubussonnais Mercier en 1715 et prêtée par le Mobilier national, et surtout cette somptueuse Verdure fine aux armes du Comte de Brühl (XVIIIe), inspirée de Jean-Baptiste Oudry, aux teintes remarquablement conservées. La section consacrée au XXe siècle est tout aussi séduisante avec ses tapisseries dont les cartons et maquettes sont signés de grands artistes (peintres, sculpteurs ou architectes), tels Arp, Vasarely, Braque, Man Ray, Le Corbusier.

Ouverte sur la création contemporaine, la Cité s’est dotée d’un espace pour présenter des maquettes d’artistes et tapisseries tout juste « tombées » du métier (étonnant Confluentia de Bina Baitel) et des résidences d’artistes sont prévues. De quoi poursuivre le renouveau de la tapisserie.

Catherine Rigollet, reportage juillet 2016

Visuels : Cité internationale de la tapisserie vue par l’agence Terreneuve. © Terreneuve.
Verdure fine aux armes du Comte de Brühl, XVIIIe siècle. ©Eric Roger / Cité internationale de la tapisserie. Et détail.
Confluentia, de Bina Baitel. Grand Prix 2012. Tissage Atelier Françoise Vernaudon. ©Eric Roger / Cité internationale de la tapisserie.

Archives expo en France

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Cité de la Tapisserie - 23200 Aubusson
de février à décembre
Tous les jours, sauf mardi
Fermeture annuelle : janvier.
Tarif plein : 7€
https://www.cite-tapisserie.fr/