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Deadline, l’œuvre ultime

L’œuvre ultime des artistes est toujours passionnante à analyser. La Fondation Maeght s’y est employé en 1989 en rassemblant une quinzaine d’artistes du 20è siècle (Bonnard, Braque, Matisse, Picasso, Miro…), le musée d’art moderne de la ville de Paris réitère l’exercice avec talent, tant par la sélection des artistes que par la qualité des explications sur leur démarche et l’importance de l’espace consacré à chacun. Cette rare, remarquable et émouvante exposition propose un regard sur douze artistes internationaux, disparus au cours des vingt dernières années, et qui conscients de l’approche de la mort, en raison de la vieillesse ou de la maladie, ont donné à leur production (peintures, photographies, installations, sculptures, vidéos) une intensité ou une liberté nouvelle, adaptant souvent leur technique à leur capacité physique. Ainsi Joan Mitchell (1926-1992) angoissée par la mort accentue le lyrisme de ses peintures et concentre ses coups de pinceaux au centre de la toile comme si le reste n’était plus accessible. Willem De Kooning (1904-1997) peint des toiles libres et épurées dans une économie de moyens. Gilles Aillaud (1928-2005), qui a souvent peint des animaux en captivité, se limite à des toiles représentant des oiseaux perdus dans l’immensité (admirable « Vol de mouettes, ciel orange »). Jörg Immendorff (1945-2007) atteint par une paralysie progressive met en place, à la manière d’un chef d’orchestre, une méthode de travail avec ordinateurs et assistants, puisant dans la peinture de la Renaissance la continuation de son œuvre. Hans Hartung (1904-1989) vers la fin de sa vie n’a qu’une obsession : peindre. Il se confronte à des grands formats et renouvelle sa gamme chromatique dans une véritable explosion de couleurs qu’il projette à l’aide d’une sulfateuse à vignes. Certains rendent visible la mort dans leurs œuvres, tels Robert Mapplethorpe (1946-1989) qui en référence à la sculpture et aux vanités, photographie des bustes et des crânes. James Lee Byars (1932-1997) met en scène sa propre mort qu’il réfléchit comme son œuvre ultime et qui se doit d’être parfaite. Cette exposition est plus que l’analyse de testaments artistiques, c’est un hommage à Absalon, Gilles Aillaud, James Lee Byars, Willem de Kooning, Felix Gonzalez Torres, Hans Hartung, Jörg Immendorff, Martin Kippenberger, Robert Mapplethorpe, Joan Mitchell, Hannah Villiger et Chen Zhen qui tous ont fait montre d’une énergie créatrice phénoménale face à la mort.

Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Infos pratiques

16 octobre au 10 janvier 2010
Musée d’art moderne de la ville de Paris
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Plein tarif 9€
Tél. 01 53 67 40 00
www.mam.paris.fr

Le musée présente aussi :
 Albert Oehlen « Réalité abstraite »
Voir notre article.