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Déboutonnez la mode !

L’art du bouton

Quelle histoire incroyable que celle du bouton depuis son apparition au XIIIe siècle ! Devenu objet d’art et de luxe au XVIIIe siècle, son âge d’or, il est plus qu’un ornement et un accessoire de mode, le moyen de se distinguer, d’afficher ses penchants, voire même ses opinions politiques. On voit apparaître des boutons royalistes, révolutionnaires ou d’intrigants rébus, fleurir aussi des boutons érotiques, source de fantasmes, rappelant qu’il n’y a qu’à déboutonner pour dévoiler la nudité. Le bouton se cache également dans l’intimité des corsets et des jarretières, sans perdre de leur séduction et de leur préciosité.
Au XIXe siècle, avec la révolution industrielle, la fabrication des boutons se développe jusqu’à devenir une véritable industrie. À Méru et dans sa région (Oise), elle emploie plus de 10 000 ouvriers dans les années 1910. La production de boutons (principalement en nacre) vaut à la ville d’être surnommée « Capitale mondiale de la nacre ». C’est aussi une période durant laquelle le bouton se démocratise. Si son utilisation décline à partir des années 1980, les couturiers revenus à des créations lui rendant sa fonction originelle et l’apparition de nouveaux systèmes de fermeture le concurrençant gravement, il est toujours présent dans les garde-robes et a encore de beaux jours devant lui. En témoignent un tailleur pantalon de Jean-Paul Gaultier (2000) recouvert de petits boutons en nacre et une robe très boutonnée de Dior par Raf Simons (2014).

L’exposition Déboutonnez la mode !, présentée dans un parcours chronologique, raconte la passionnante histoire du bouton, les modes de chaque époque, dévoilant une collection de plus de 3000 boutons avec une sélection de quelque 100 vêtements et accessoires de mode féminine et masculine choisis parmi les couturiers les plus emblématiques tels que Paul Poiret, Elsa Schiaparelli, Christian Dior, Jean Paul Gaultier ou encore Patrick Kelly… Faiseurs de mode, ils multiplient les collaborations avec les boutonniers français, mais aussi avec les artistes, en demandant du sur-mesure et des modèles précis. Comme ce bouton en bronze doré d’Alberto Giacometti pour Elsa Schiaparelli. Le bouton est un objet d’art à part entière et une griffe qui signe leurs créations.

Acquise en 2012, cette collection a reçu le statut d’œuvre d’intérêt patrimonial majeur par la Commission consultative des Trésors Nationaux. Parmi les pièces exceptionnelles, citons un portrait de femme dans le goût de Fragonard, un trio de boutons inspirés des fables de La Fontaine de l’orfèvre Lucien Falize, un jeu de huit oiseaux peints sur porcelaine par Camille Naudot et enfin une série de 792 pièces du sculpteur Henri Hamm.

Catherine Rigollet

Visuels : Attribué à Fragonard, fin du XVIIIe siècle. Miniature sur ivoire et cadre en verre églomisé. ©Les Arts Décoratifs, Paris. Photo : Jean Tholance.
Alberto Giacoletti pour Elsa Schiaparelli, début des années 1930. Bronze doré. Coll. Les Arts décoratifs, Paris Photo : Jean Tolance © Succession Alberto Giacometti (Fondation Alberto et Annette Giacometti, Paris + ADAGP, Paris) 2015.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 12 février au 19 juillet 2015
Musée des Arts décoratifs
107, rue de Rivoli - 75001 Paris
Du mardi au dimanche de 11h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Plein tarif : 11€
Tél. : +33 (0)1 44 55 57 50
www.lesartsdecoratifs.fr

 


 Pour en savoir plus sur l’art du bouton et sa fabrication, l’Agora des arts vous recommande la visite du musée de la nacre et de la tabletterie à Méru (Oise). Installé dans une ancienne usine de boutonnerie et riche d’un fonds exceptionnel de près de 10 000 boutons fabriqués sur le territoire, il conserve d’anciennes machines permettant des démonstrations. Reportage.