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Djamel Tatah. Monographie

Depuis l’âge de 20 ans, Djamel Tatah, artiste d’origine algérienne, né en 1959 à Saint-Chamond dans la Loire et formé à l’école des Beaux arts de Saint-Étienne, construit un univers de tragédie grecque, silencieux, habité de personnages identiques, tous vêtus de noir, le visage blanc sans trace d’émotion, le regard lointain ou baissé. Debout, marchant ou gisant, seuls ou regroupés mais visiblement solitaires, ils sont dans un temps suspendu, dans un espace sans décor et sans symbole, universel. En associant la photographie et la technique très ancienne de la peinture à la cire, puis dès 1994 les techniques numériques, Djamel Tatah met en scène ses silhouettes grandeur nature sur un fond de couleur monochrome accentuant l’uniformité du plan, la neutralité contextuelle, l’isolement de ces figures iconiques.
« Je ne représente pas des hommes, mais quelques mouvements, quelques poses qui appartiennent à l’homme », explique l’artiste qui n’est pas intéressé par le portrait en tant que tel , utilisant les visages de ses proches comme des comédiens, n’hésitant pas à dupliquer les visages, composant sur écran ordinateur avant de projeter son dessin sur une toile, le « redessinant » au pinceau avec cette cire de carnauba issue des feuilles d’un palmier ; un médium qui absorbe bien la lumière et densifie les couleurs. Et pour ne pas engager le spectateur dans une interprétation narrative ou documentaire univoque, il fait le choix, à quelques exceptions près, de ne pas donner de titre à ses œuvres.
Certaines toiles ne laissent toutefois planer aucun doute sur leur source d’inspiration et se lisent comme des évocations de la guerre, comme cet amas de gisants (Sans titre, 2011), ou ce glacial triptyque de trois hommes marchant sans état d’âme sur un sol jonché de corps (Sans titre, 1999).

La monographie à caractère rétrospectif organisée à la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence, en collaboration avec le Musée Public d’Art Moderne et Contemporain d’Alger et la Villa Médicis à Rome, présente une sélection d’une cinquantaine d’œuvres (46 tableaux dont certains très grands polyptyques et un ensemble de gravures), qui révèle la force et l’étrangeté singulière de l’œuvre de Djamel Tatah. Un artiste installé depuis 2011 dans un petit village de l’Yonne, loin de effervescence urbaine et qui prend son temps, ne cherchant pas à faire du nouveau, refaisant éternellement le même tableau, s’efforçant d’enrichir le précédent et allant à l’essentiel, en quête, dit-il, « d’une représentation abstraite de l’homme ». Une œuvre à l’apparente simplicité formelle, mélancolique et mystérieuse au premier abord, qui se révèle très vite quand on se trouve immergé au milieu de ces grands personnages pensifs et esseulés, d’une angoissante interrogation sur une humanité formatée et comme prise dans une nasse, prisonnière d’un destin qui lui échappe.

Catherine Rigollet

Visuel page expo : Sans titre, 2008. Huile et cire sur toile, 290 x 160 cm. Collection Art Company. Photo Jean-Louis Losi © Djamel Tatah, Adagp Paris 2013.
Visuel page d’accueil : Sans titre, 2011. Huile et cire sur toile, 180 x 160 cm. Collection particulière. Photo Jean-Louis Losi © Djamel Tatah, Adagp Paris 2013.
Sans titre, 2012. Huile et cire sur toile, 300 x 400 cm (2 panneaux). Collection particulière, Dubaï, UAE. Photo Jean-Louis Losi © Djamel Tatah, Adagp Paris 2013.
Sans titre, 1999. Huile et cire sur toile, 220 x 200 cm. Collection particulière. Photo Adam Rzepka © Djamel Tatah, Adagp Paris 2013

Archives expo en France

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 14 décembre 2013 au 16 mars 2014
PROLONGATION JUSQU’AU 23 MARS
Fondation Maeght
623, chemin des Gardettes
06570 Saint-Paul de Vence - France
Tél. +33 (0)4 93 32 81 63
Ouvert tous les jours, sans exception :
Octobre-Juin : 10h-18h
Tarif plein : 15€
www.fondation-maeght.com

 

 Djamel Tatah a exposé, notamment, à la galerie Eric Dupont, à la galerie Liliane et Michel Durand-Dessert en 1999, à la galerie Kamel Mennour en 2006 et 2008.
 Il présentera un ensemble de tableaux récents au Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne, en juin 2014.