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Entre Goltzius et Van Gogh. Dessins et tableaux de la Fondation de Boer

Située au bord du fameux canal Herengracht, au cœur d’Amsterdam, la collection débutée en 1922 par le naturaliste et amateur d’art Piet de Boer (1894-1974), dans sa propre maison, est restée figée dans le temps. Les tableaux sont accrochés au mur de l’entrée, des salons ou des couloirs, comme à l’époque du collectionneur ; natures mortes, portraits, scènes de genre s’y côtoient sans préoccupation de thématique ou de chronologie. On y contemple au-dessus d’une commode ou d’une cheminée : un Paysage printanier de Cornelis Metsys (vers 1511-1580), un Paysage d’hiver avec des patineurs d’Henrick Avercamp (vers 1620), une nature morte avec souris, fleurs et insectes de Jan Brueghel l’Ancien (minuscule tableau de 8 cm sur 11,5 cm), ou encore un rare portrait d’Hendrick Goltzius représentant Jan Govertsz van der Aar, négociant de Haarlem, mais surtout collectionneur de coquillages, comme Piet de Boer. D’une famille originaire de Suisse et installée en Hollande depuis le XVIIIe siècle, De Boer a d’ailleurs acheté son premier tableau, une nature morte de chenilles et de papillons peinte par Jan van Kessel, inspiré par son goût pour la zoologie. Parallèlement à sa carrière comme marchand d’art, il va constituer tout au long de sa vie une collection de centaines de peintures et de dessins, couvrant une période allant du XVIe au XIXe siècle, se prenant de passion notamment pour son presque contemporain Vincent van Gogh, un artiste qu’il considérait comme un « héros non compris ». Une collection qu’il décidera de pérenniser au travers d’une fondation en 1964.

Pour la première fois, et en l’honneur des 50 ans de la Fondation Piet et Nellie de Boer, une partie de cette collection est dévoilée à Paris, jusqu’au 8 mars 2015, à la Fondation Custodia, écrin d’une autre collection toute aussi exceptionnelle, celle de Frits Lugt (1884-1970). Cent quinze œuvres ont fait le voyage, dont une vingtaine de tableaux anciens qui couvrent habituellement les murs de la Fondation de Boer à Amsterdam, mais surtout, près d’une centaine de dessins des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, sélectionnés dans un ensemble de près de 400 feuilles d’une remarquable qualité.
Parmi eux : cette Vallée de montagne (1620) toute en finesse de Joos de Momper, construite en deux plans bien délimités, le premier tout proche dans les tons bruns et le second, fondu dans cette encre d’un bleu pâle qui donne l’illusion du lointain. Remarquable aussi, un dessin à la plume de Jacob Hoefnagel représentant un peintre observé par un connaisseur (1602), exécuté d’après un dessin célèbre de Pieter Bruegel l’Ancien. On ne peut manquer cette étonnante Tête de veau écorchée (1599) de Jacques de Gheyn II, ou encore cet intriguant petit Paysage avec un moulin à vent (vers 1615-1625) de Christoffel van den Berghe, une composition réalisée à l’encre brune et lavis brun excepté un cavalier à l’encre noir. Ajout in fine ou envie de faire mieux ressortir ce personnage ? De fait, l’homme et son cheval attirent l’œil.

L’exposition se clôt sur Vincent van Gogh pour lequel Piet de Boer avait une profonde admiration et qui fait l’objet d’une salle dédiée avec une quinzaine d’œuvres dont un très expressionniste dessin de semeur, un rare tableau d’une Rive plantée d’arbres (probablement un bord de Seine), au ton très clair et mat, peint au printemps 1887 lorsque van Gogh séjourne à Paris et un lumineux Champ de blé réalisé à Arles en 1888. Un paysage baigné de soleil, dans lequel le puissant jaune-orangé des céréales tranche avec le profond bleu indigo des arbres et des Alpilles à l’horizon.

En parallèle, une seconde exposition se tient aux mêmes dates, dans les salles du sous-sol du bâtiment. Elle dévoile le travail sur papier de l’artiste contemporain néerlandais Arie Schippers, un remarquable portraitiste doublé d’un créateur prolixe et plein de fantaisie, toujours en quête de nouvelles thématiques. Ger Luijten, directeur de la Fondation Custodia, souhaite poursuivre avec cette exposition une politique active de mise en avant d’artistes contemporains dont l’œuvre sur papier est significatif, comme Frans Pannekoek en 2011 ou Peter Vos en 2013.

Catherine Rigollet

Visuels : Jan Brueghel l’Ancien, Nature morte avec une rose, une souris et des insectes. Huile sur cuivre, 8 x 11,5 cm. Joos de Momper, Vallée dans un paysage de montagne. Plume, pinceau et l’encre brune et bleue, 244 x 253 mm. Vincent van Gogh, Champ de blé, juin 1888. Huile sur toile, 50 x 61 cm.
© Fondation P. et N. de Boer, Amsterdam

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 13 décembre 2014 au 8 mars 2015
Fondation Custodia
121 rue de Lille – 75007 Paris
Tous les jours, sauf lundi
De 12h à 18h
Plein tarif : 6€
Tél. 01 47 05 75 19
www.fondationcustodia.fr

 


 L’exposition s’accompagne d’un catalogue qui éclaire l’origine de ces œuvres dont beaucoup ont rarement été montrées ou n’ont jamais fait l’objet d’une publication.