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Françoise Pétrovitch. « L’art et la manière d’accommoder le gibier »

Les dessins, peintures, gravures et sculptures de Françoise Pétrovitch ont investi le très singulier musée de la Chasse et de la Nature. Glissées comme des indices dans les cabinets du Loup, du Cheval, des Chiens, du Cerf, dans le salon des Oiseaux, les salles des Trophées, des Porcelaines ou des Armes, ils permettent de redécouvrir les exceptionnelles collections en se jouant des conventions muséographiques. Et ces œuvres contemporaines ne paraissent pas totalement incongrues dans ce bel hôtel de Mongelas, dialoguant souvent très à propos avec les peintures de Rubens, Oudry ou Chardin, les animaux à poils ou plumes, les objets d’art animalier, le mobilier et les armes qui ornent les lieux. Françoise Pétrovitch a longuement exploré le musée en vue de préparer son exposition. À chacune de ses visites, elle a découvert une nouvelle possibilité de lecture, un nouveau sens. Dans le salon des Oiseaux, elle a inséré une dizaine de ses peintures parmi les tableaux couvrant les murs. Emblématiques de son intervention dans ce musée à découvrir (si ce n’est déjà fait), les douze estampes originales formant L’art d’accommoder le gibier évoquent un « service de pique-nique de luxe ». La délicatesse des gravures, dont le thème est provocateur (le chasseur devenant proie) est associée à un matériau d’une grande simplicité : le carton. Avec l’apparence de la vaisselle jetable, ces douze assiettes sont installées dans le vaisselier du musée, remplaçant les services en porcelaine précieuse qui y sont présentés habituellement. Au visiteur de poursuivre ce jeu de piste en s’amusant à chercher et découvrir les œuvres exposées au sein des collections… Un lapin géant gardien de musée, une princesse en céramique dans l’escalier, des gravures et une queue de renard dans les tiroirs, de curieuses cages en verre soufflé au plafond du salon de Compagnie. En se plaçant sous ces cages, on fait une surprenante découverte : des miroirs y renvoient l’image d’un monde inversé. Dans la salle d’exposition temporaire, l’artiste présente les Vanités, sa nouvelle série de grands dessins, et Le loup et le loup, une vidéo très rythmée constituée de plus de 200 dessins expressifs. Elle nous plonge dans un univers de créatures humaines et animales qui balance entre le monde de l’enfance et celui des sortilèges, une histoire où le chasseur devient chassé, un pays des Merveilles dans lequel Alice a perdu son innocence. Une thématique récurrente chez Françoise Pétrovitch. Dans la cour du musée, trône Forget me not, sculpture monumentale en grès émaillé, qui a été réalisée à la Cité de la céramique à Sèvres. Elle sera accessible librement durant les journées du Patrimoine.

Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 2 septembre 2011 au 8 janvier 2012
Musée de la chasse et de la nature
62, rue des Archives - 75003
Tous les jours sauf lundi
De 11h à 18h
Tél. 01 53 01 92 40
www.chassenature.org

 Voulez-vous manger Bambi ?
Ce « délicieux » petit fascicule illustré de gravures originales de Françoise Pétrovitch est un amuse-gueule avant expo ou une mignardise à déguster une fois sorti. A la fois réflexion sur le rapport homme-animal et la relation chasseur-proie, il questionne l’art d’accommoder le gibier. Editions Gallimard, collection Le Cabinet des lettrés. 64 pages. 12€