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Frank Gehry. Humaniser l’architecture

Frank Gehry qui actuellement multiplie les projets en France (à la fin du mois d’octobre sera inaugurée sa dernière œuvre magistrale, la Fondation Louis Vuitton, à Paris), est tout autant un grand architecte qu’un grand urbaniste qui a toujours cherché à humaniser l’architecture, à ne jamais perdre de vue la continuité entre l’objet architectural et l’environnement. Le musée Guggenheim à Bilbao, qu’il a choisi de construire à l’écart de la ville, dans un site désindustrialisé, est un des exemples les plus éclatants d’une capacité de l’architecture à réactiver le tissu économique d’un territoire.

Celui qui fut tour à tour ouvrier dans la quincaillerie de son grand-père, camionneur, laveur d’avion et qui rêvait d’être peintre, est devenu architecte par hasard. « Lorsque j’ai finalement débuté en architecture, j’aimais aller me promener et prendre des photos de bâtiments industriels, c’était une recherche, et je regardais toujours attentivement l’environnement. Je n’aimais pas tellement ce que je voyais, hormis les œuvres de Frank Lloyd Wright ou de Schindler ». Les premières architectures de Gehry sont des résidences aux volumes géométriques simplifiés, des cubes le plus souvent assemblés comme des maisons de villages. Vite conscient des limites de cette esthétique de l’agrégation, il va chercher à retrouver l’unicité architecturale, tout en se mettant à courber les lignes, muant murs et toitures en de vastes rubans et voiles, faisant alterner les volumes pleins très organiques et les espaces interstitiels pour créer une dynamique, disparaître les notions même de façade, de couverture et les repères conventionnels liés à la verticalité d’un édifice, jouer les transparences. Il s’amuse aussi à créer des effets plastiques de tension et d’attraction, voire de torsion comme ce bâtiment de la Nationale Nederlande (1992-1996) à Prague. Le mouvement est d’ailleurs l’une des caractéristiques de l’architecture de Gehry, loin d’un objet sculptural figé. Avec ses courbures, son enveloppe constituée de 3 600 panneaux de verre matérialisant douze grandes voiles de verre et son intégration dans le paysage du parc 19e siècle, la Fondation Vuitton implantée dans le Bois de Boulogne est un concentré de l’architecture de Gehry.

Une architecture du mouvement

À travers une soixantaine de projets (Vitra Design Museum et Campus Novartis à Bâle, Guggenheim à Bilbao et Abu Dhabi, Walt Disney Concert Hall à Los Angeles, Museum of Contemporary art de Quanzhou, etc.), illustrés par des dessins, maquettes, photos et vidéos avec interviews de Gehry, cette rétrospective présentée au Centre Pompidou jusqu’au 26 janvier 2015 retrace l’itinéraire et l’évolution du langage formel d’un architecte qui se révèle aussi un incroyable dessinateur, ébauchant en quelques crayonnages vigoureux et brouillons les lignes directrices d’une architecture à venir. S’il a mis l’ordinateur au service de sa créativité dès la fin des années 1980, ouvrant le projet architectural à une complexité sans précédent, il s’efforce de ne jamais perdre cette touche d’humanité qui l’a toujours guidé.

Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 8 octobre 2014 au 26 janvier 2015
Centre Pompidou - 75004 Paris
Tous les jours, sauf mardi, de 11h à 21h
Tarif : 11 à 13€ selon période
www.centrepompidou.fr


Visuels :

 Guggenheim Museum Bilbao, 1991-1997 (réalisé), Bilbao, Espagne. Photo : Philippe Migeat, Centre Pompidou.

 Hotel Marqués de Riscal, 1999-2006 (réalisé), Alava, Espagne. Photo : Thomas Mayer.

 Nationale-Nederlanden Building, 1992-1996 (réalisé), Prague, République Tchèque © Gehry Partners, LLP.