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Friedrich Dürrenmatt. Entre Daumier et Grosz

Connu pour ses pièces de théâtre comme Les Fous de Dieu (1947), La Visite de la Vieille Dame (1955) et Les Physiciens (1962) traduites en plus d’une quarantaine de langues, et pour ses romans policiers adaptés au cinéma tels que Le Juge et son Bourreau (1952) ou La Promesse (1958) alliant l’intrigue et la réflexion philosophique avec une portée universelle, l’écrivain Suisse Friedrich Dürrenmatt (1921-1990) était aussi bon peindre et dessinateur satirique au coup de crayon acerbe. Une œuvre graphique trop ignorée.

Pourtant, l’art était pour lui aussi important que l’écriture, se sentant « appelé par les deux », comme il l’écrit à son père en 1946. Fils de pasteur, après des études de philosophie et de théologie à Berne, puis à Zurich, c’est d’abord à la peinture qu’il va se consacrer avant de débuter sa carrière de dramaturge en 1947, décidé alors de faire de l’écriture sa profession. Il continuera toutefois de dessiner et peindre sa vie durant. Couvrant même de fresques joyeuses et colorées les murs de ses logements, jusque dans les toilettes. La collection du Centre Dürrenmatt comprend environ 1000 œuvres originales et plusieurs carnets de dessins. Et plusieurs collections privées abritent des œuvres de Dürrenmatt.

Féroce dans la satire sociale et politique, son regard critique sur la société épouse celui de Tomi Ungerer. À tel point qu’il lui écrira une préface pour son Babylon, un recueil de dessins satiriques. C’est donc tout naturellement, qu’à l’occasion du centenaire de sa naissance, le Musée Tomi Ungerer-Centre international de l’Illustration expose une centaine de dessins de Dürrenmatt. Une première en France. La spontanéité de son trait, témoigne de l’aisance de l’artiste à passer de l’écriture au dessin. Un trait satirique qui sent l’influence de l’expressionnisme d’un George Grosz, mais aussi de Francisco de Goya, Daumier et Saul Steinberg. En humaniste, il s’intéresse à tous les sujets, et son univers iconographique foisonnant comporte des thématiques récurrentes comme entre autres, la mythologie, la théologie, le cosmos, la souffrance, la justice. On y croise Prométhée, le Minotaure, Icare, Atlas, mais aussi une iconoclaste crucifixion, un critique lançant sa plume comme un javelot... et de joyeuses ripailles. L’humour noir de Dürrenmatt ne l’empêche nullement d’être bon vivant et amateur de Bordeaux.

Catherine Rigollet

 Les œuvres originales de l’artiste proviennent notamment du Centre Dürrenmatt Neuchâtel et de collectionneurs privés suisses.
 À voir : l’interview à la radio télévision suisse (RTS) à l’occasion de ses 60 ans en 1981 : https://notrehistoire.ch/entries/KgQYAb9oBwv

Visuels : Friedrich Dürrenmatt, Suisse en colère lançant une bombe atomique, s.d., stylo à bille, 20,9 cm × 14,4 cm. Collection : Centre Dürrenmatt Neuchâtel © CDN/Confédération suisse. Photo : Centre Dürrenmatt Neuchâtel.
Friedrich Dürrenmatt, Cavalier de l’Apocalypse, 1943, encre (plume) sur papier, 25 × 36 cm. Collection : Centre Dürrenmatt Neuchâtel © CDN/Confédération suisse. Photo : Centre Dürrenmatt Neuchâtel.
Friedrich Dürrenmatt, Grande tête d’artiste pleine de critiques, 1963, encre (plume), 35,4 × 26,8 cm. Collection : Centre Dürrenmatt Neuchâtel © CDN/Confédération suisse. Photo : Centre Dürrenmatt Neuchâtel.

Archives expo en France

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 3 juillet au 31 octobre 2020
Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration
2, avenue de la Marseillaise, Strasbourg 67000
Ouvert tous les jours de 10h à 18h – sauf le mardi
Tél. +33 (0)3 68 98 50 00
https://www.musees.strasbourg.eu/musee-tomi-ungerer