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G I R L - curated by Pharrell Williams

« It might seem crazy what I’m about to say », mais suffit-il d’être un chanteur, producteur, styliste talentueux aux multiples couvre-chefs pour se transformer en un curateur qui saura instruire, séduire, émouvoir...C’est le pari qu’a fait Emmanuel Perrotin en proposant au rappeur américain (né en 1973) le commissariat de cette exposition, qui tire son titre (typographie comprise) de son album éponyme sorti en mars. Les 48 œuvres, dont 12 créées pour l’exposition, ont été choisies par Pharrell et sont présentées dans le nouvel espace. « Salle de Bal ». que lance la Galerie Perrotin, au fond de la cour de l’Hôtel du Grand Veneur, dans le Marais. Hommages à la femme libre par 37 artistes, dont 18 femmes. Mais hommage non dissimulé aussi au commissaire. Pour preuve les deux tondos de Takashi Murakami le représentant avec sa femme Helen, ou son portrait sculpté en verre brisé, en pied mais sans chapeau, de Daniel Arsham, ou encore, toujours lui, il faut bien le chercher, en minuscule Napoléon contemplé par 40 siècles d’histoire égyptienne, dans le tableau de Laurent Grasso qui figure sur la couverture de l’un de ses récents singles. Mais revenons aux femmes, à ces « images de femmes et de l’amour, vues sous des angles divers », puisque tel était le fil conducteur de ses choix !
Les suspects habituels – souvent artistes de la galerie - sont là, avec une photo, un dessin, une peinture, une sculpture, un néon, une vidéo : Sophie Calle, toujours penchée sur son moi, Annette Messager, avec un petit dessin vengeur, JR, qui après avoir habillé le dôme et le sol du Panthéon offre ici une magnifique encre sur bois de deux jambes de ballerine, le collectif Gelitin et son portrait loufoque, Bharti Kher qui signe une sculpture surréaliste, Jean-Michel Othoniel et un collier gigantesque de boules émeraude, enfin Tracey Emin avec une calligraphie en néon pleine de tendresse. Mention particulière pour les Guerrilla Girls dont les posters s’offusquent de la misogynie en musique et qui n’hésitent pas à épingler Perrotin pour n’avoir, sur les dernières années, exposé que 13% de femmes artistes.
On reste néanmoins sur sa faim : une œuvre par artiste ? C’est bien peu pour découvrir un artiste (et il y en a à découvrir). On s’interroge : quelles résonances entre les œuvres ? Font-elles sourire, réfléchir, s’étonner, s’émouvoir, s’offusquer ? Un peu. Parfois. Certaines. Heureusement, il y a cette émouvante vidéo en noir et blanc des années 80 qui clôt superbement le parcours : la relation symbiotique et fusionnelle de Marina Abramovic et de son amant Ulay, exprimée autour d’un arc bandé et d’une flèche pointée sur le cœur de l’artiste serbe. On sort finalement happy de cette exposition qui fera certainement le buzz jusqu’à sa fermeture.

Elisabeth Hopkins

Visuel : JR - NYC Ballet Art Series, Paper Interaction, encre, bois. 235 x 215 cm. ©E.H.
Visuel accueil : Takashi Murakami, Portrait of Pharrell and Helen - Dance, 2014. Acrylic and platinum leaf on canvas mounted on board
(Photo by Terry Richardson) φ1500 mm ©2014 Takashi Murakami/Kaikai Kiki Co., Ltd. All Rights Reserved. Courtesy Galerie Perrotin.
Visuel vignette : Guy Limone, Girl, 2014, 311 figurines en plastique peint (échelle 1/87e) 175 x 175 cm, photo by claire dorn / courtesy galerie perrotin

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

G I R L - Curated by Pharrell Williams
Du 27 mai au 25 juin 2014
Salle de bal de la Galerie Perrotin
60 rue de Turenne - 75003 Paris
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Entrée libre
www.perrotin.com