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Guido Guidi. Veramente

Figure majeure de la photographie contemporaine italienne, Guido Guidi considère la photo comme un prolongement du regard, une manière de vivre. Pour la première fois en France, les quarante ans de carrière de ce pionnier du renouveau de la photographie du territoire sont retracés. Sur deux étages, les expérimentations en noir et blanc des années soixante-dix côtoient les séries couleur emblématiques telles que In between cities, A New map of Italy ou Preganziol.

De loin, on aperçoit des images pâlies, comme usées par le temps, à moins que ce ne soient des photos soumises à une surexposition intentionnelle de la part du photographe. La plupart des tirages étant de petit format, à distance, les sujets apparaissent à peine définis, les couleurs quelque peu fades, peu contrastées les unes par rapport aux autres. Ce sont en majorité des paysages péri-urbains (des « vues » selon le propre terme de Guido Guidi), souvent sinistres, des bâtiments aux murs lépreux, un coin de rue d’où émerge à peine l’avant d’une voiture en stationnement, une porte entrouverte, ou bien encore un modeste immeuble jouxté par une relique de cheminée d’usine manifestement à l’abandon avec, comme unique trace de vie, un jeune enfant esseulé sur un côté du cadre. Mais ce sont des photos couleurs, en vérité. Et la plupart d’une palette subtile et de variations multiples. Tandis que les ciels sont souvent d’un gris pâle sans nuance, ces petits espaces de quasi-déserts, ces bâtiments improbables, ces pots de fleurs aux balcons sont marqués de stridentes nuances de carmin, de vert vif et de bleu canard.
On pourrait se croire dans une région désolée d’Italie puisque Guido Guidi est originaire de Cesena, ville du nord-est de la péninsule, non loin de la côte adriatique. En réalité, les photos qui occupent toute la salle du 1er niveau de l’exposition présentée à la fondation Henri-Cartier-Bresson, ont été prises un peu partout en Europe, selon une ligne reliant Saint-Pétersbourg à Finisterra (Espagne) en passant par Calais, lors de trois voyages que Guido Guidi effectua en compagnie de son ami architecte Marco Venturi à travers l’Europe, entre 1993 et 1996.
Lui-même architecte de formation, Guido Guidi, se tourne vers la photographie au milieu des années 60, attiré par le travail de Walker Evans, de Lee Friedlander et par le néoréalisme italien, se consacrant plus particulièrement aux paysages contemporains marqués par les transformations de l’ère postindustrielle, ces périphéries des villes qui sont pour lui « des sortes de zones libres », offrant « des possibilités infinies ». L’exposition couvre quarante ans de la carrière de ce photographe dont le regard se focalise sur les lignes et le graphisme des lieux qu’il traverse, sur l’architecture à laquelle il reste attaché. Quelques photos noir et blanc renvoient à sa pratique des années 70, avant qu’il ne se consacre presque exclusivement au travail à la chambre, avec film couleur grand format, affectionnant les tirages petits formats, alors que les négatifs (20 x 25 souvent), permettraient des grands. Guido Guidi n’est pas à un paradoxe près, cherchant le quotidien, la réalité mouvante que l’on ne veut pas voir, l’apparente banalité de la vue qu’un rapide cliché pourrait traduire, en utilisant la technique lui offrant la sensibilité et la définition la plus grande.

Marie-Ange Dutartre

Visuel : Elblag, Pologne, 08.1994 © Guido Guidi

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 16 janvier au 27 avril 2014
Fondation Henri Cartier-Bresson
2, impasse Lebouis – 75014 Paris
Du mardi au dimanche, de 13h à 18h30
Le samedi, de 11h à 18h45
Nocturne gratuite le mercredi de 18h30 à 20h30
Plein tarif : 7€
Tél. 01 56 80 27 00
www.henricartierbresson.org