Allemand, Guillaume - Sculpteur

Ce plasticien a fait de l’os animal la matière de ses tableaux monochromes aux compositions en relief, géométriques et rythmées. Une œuvre abstraite et proche du constructivisme.

Tout commence en 1990 par un os à moelle récupéré pour faire un bijou. Né dans une famille d’artistes, Guillaume Allemand a vingt ans et cherche alors sa voie après huit années de conservatoire, un goût pour la musique, la danse, mais aussi pour la photographie, et la nature. S’ensuit une période de quête jusqu’ en 2002, où ayant pris conscience que cette matière depuis si longtemps travaillée par les hommes est pour lui synonyme de nature, de vie et recèle une source infinie de création, il se consacre entièrement à en faire l’unique substance de son œuvre. Cela donne de surprenants tableaux abstraits aux compositions géométriques très rythmées, qui varient du monochrome blanc au noir et blanc photographique. La lumière projetée sur les œuvres est évidemment primordiale afin d’en restituer les jeux de composition, le relief, le velouté de la matière. Ne cherchant pas à adapter son travail au goût du public, Guillaume Allemand créée en liberté, concevant sur ordinateur ses installations avant de poser une à une chaque pièce en jouant sur les clairs-obscurs, les contrastes obtenus par les variétés des découpes.

Dans son atelier équipé d’un outillage comme celui d’un menuisier ou d’un ébéniste, il retaille, scie, ponce, assemble et colle les morceaux d’os qu’il achète dégraissé et blanchi à une entreprise qui les vend en plaques pour la lutherie en remplacement de l’ivoire interdit. La contrainte que représente le poids de l’os (15 à 30 kilos par mètre²,) et le prix de cette matière (2000 euros le m2) lui fait privilégier les petits formats (80 x 80 ou 100x100). Loin de toute morbidité, son œuvre symbolise pour lui la nature, les animaux, la vie. Dans son installation, « Le Passage », créé pour MAC PARIS (2009), le visiteur était invité à pénétrer au cœur de cette imposante sculpture mobile et sonore constituée d’un millier d’os bruts suspendus (environ 700 Kg de matière), créant un mouvement et du son en se déplaçant.

Une œuvre très conceptuelle, rite initiatique de passage à travers les peurs, qui a ouvert un nouveau champ de création à l’artiste. Une parenthèse toutefois dans son travail centré sur les compositions en tableaux dénués d’iconographie et de métaphores, juste constitués de combinaisons de pièces à l’esthétique infinie.

Catherine Rigollet (Février 2010)

(photos Guillaume Allemand)