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Hodler-Monet-Munch, peindre l’impossible

Bien que quasiment contemporains, le Suisse Ferdinand Hodler (1853-1918), le Norvégien Edward Munch (1863-1944) et Claude Monet (1840-1966), ne se sont jamais rencontrés et ne relèvent d’aucune tendance picturale commune. Mais ils se sont tous les trois attachés à capter ce qui peut paraitre insaisissable au pinceau : les mouvements de l’eau, les nuances de la neige, l’éclat du soleil vu de face, la clarté des étoiles, voire le bruissement des feuilles dans la brise. « Je crois que je cherche à peindre des choses impossibles », disait Monet.

L’accrochage, thématique et agrémenté de cartels pédagogiques, juxtapose les œuvres des trois artistes. La montagne devenue plus accessible grâce aux trains, ou plus tentante avec le développement de l’alpinisme, les peintres (et les photographes) peuvent s’en donner à cœur joie. Hodler y excelle, et regarde à longueur d’année, de sa fenêtre, les Alpes se parer de toutes les couleurs des heures de la journée (Le lac de Thoune et la chaîne du Stockhorn, deux toiles de 1904 et 1905).
Munch est le seul à matérialiser sur la toile, au péril de ses yeux, le soleil éclatant, imaginant ses rayons, son halo, alors que Hodler et Monet préfèrent le soleil lorsqu’il est moins agressif, au coucher ou au lever. Quant à la neige, si elle est un spectacle naturel pour le Suisse et le Norvégien, Monet, qui en a fait l’expérience en France (La Débâcle à Vétheuil, 1880), se rend en Norvège en 1895 pour s’y confronter réellement (Paysage de Norvège, Les Maisons bleues, 1895). Et les trois peintres de se livrer à de véritables gammes sur les nuances de blanc, Munch peuplant ses tableaux de personnages aux vêtements colorés qui ravivent la blancheur de la neige (Homme noir et jaune dans la neige, 1910-12).

Un tableau surprenant de Hodler illustre la partie « Eaux » de l’exposition. La Femme courageuse, 1886, vue en plongée, en cadre resserré, rame contre des vagues peintes à vastes coups de pinceau en contraste avec son vêtement minutieusement plissé. Le sujet y est moins l’eau que le courage féminin. En légère plongée aussi, La Barque, 1887 de Monet, flottant au milieu d’herbes ondulantes, à moins que ce ne soit que l’eau rendue vivante par les multiples coups de pinceau de l’artiste.

L’exposition se clôt sur une explosion de couleurs : variations chromatiques bleu/vert/jaune de Hodler pour le lac Léman, paysage étonnamment doré pour La Pluie, 1902 de Munch, et variations sur des jaunes et oranges de Monet, dont La Maison vue du jardin aux roses, 1922-24 fut terminée après son opération de la cataracte, alors qu’il se plaignait de ne plus voir les jaunes et les rouges.

Voilà une exposition bien séduisante, qui joue, sans prétention, sur une thématique commune aux trois peintres, laissant au regardeur tout loisir pour comparer, apprendre, imaginer. Le commissaire, historien d’art, et critique au quotidien Le Monde, Philippe Dagen, a su œuvrer pour notre seul plaisir.

Elisabeth Hopkins

 L’exposition sera présentée à la Fondation Gianadda à Martigny (Suisse) à partir de février 2017.

Visuels : Edvard Munch, La Pluie, 1902, oslo, nasjonalmuseet for kunst, arkitektur og design / Photo © Børre Høstland.
Ferdinand Hodler, La Femme courageuse, 1886. Bâle, Kunstmuseum © Kunstmuseum Basel, Martin P. Bühler.
Claude Monet, La Barque, 1887, Paris, Musée Marmottan Monet © The Bridgeman Art Library.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 15 septembre 2016 au 22 janvier 2017
Musée Marmottan Monet
2, rue Louis-Boilly - 75016 Paris
Ouvert du mardi au dimanche, 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Plein tarif : 11€
www.marmottan.fr