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Impressions mémorielles : la mémoire de l’esclavage

Dix photographes français, africains, brésiliens..., livrent leur regard, très divers et souvent très personnel, sur la mémoire de l’esclavage. L’un des plus provocateurs est celui de Fabrice Monteiro avec son Marron muselé : image d’asservissement, mais aussi de rébellion puisque le marronnage était une forme de résistance à l’esclavage, par la fuite. Fabrice Monteiro, descendant d’esclaves, a grandi au Bénin et est marqué par les images de ces colliers-entraves utilisés pour punir ou dissuader de toute tentative de fuite des esclaves. Il a fait reproduire différents colliers par deux jeunes forgerons béninois pour la mise en scène de ses portraits réalisés avec une lumière très contrastée qui renforce la violence de l’image.

Plus subtil sur la forme, mais tout aussi dénonciateur sur le fond, le travail de Céline Anaya Gautier et son reportage sur les coupeurs de cannes à sucre haïtiens en République Dominicaine : Esclaves au Paradis. Réalisé de décembre 2004 à avril 2006, il montre qu’à proximité des plages pour tourisme de luxe, cachés derrière un rideau impénétrable de cannes à sucre, des esclaves saisonniers des exploitations sucrières, et leurs familles venues d’Haïti, vivent dans des baraquements en bois insalubres. Le travail de Céline Anaya Gautier, originaire du Pérou, est à l’origine d’une campagne internationale de dénonciation des conditions d’esclavage auxquelles étaient soumis les coupeurs de canne dans les plantations dominicaines ; campagne soutenue notamment par Amnesty International et la FIDH.

Aux côtés de ces photographes toujours en activité, un hommage est rendu à Adolphe Catan (1899-1979) dont la fille continue de faire connaître le travail. Unique photographe de la Basse-Terre en 1920, et l’un des plus connus jusqu’en 1970, « père Catan" photographiait tout le monde, mais surtout, accumulait les images d’un passé souvent douloureux…qui ressurgit ici.

Catherine Rigollet

 A voir aussi au Musée de l’Homme : la très pédagogique exposition Nous et les Autres. Des préjugés au racisme.
Et bien sûr la Galerie de l’Homme, totalement renouvelée en 2015. Une réussite, tant sur le plan scénographique que sur la pertinence et la lisibilité du parcours sur l’évolution de l’Homme et des sociétés, depuis nos origines jusqu’à nos jours.

Visuel : Fabrice Monteiro, « Sans titre », série Marrons. © L’Agora des Arts.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Musée de l’Homme
Du 10 mai au 10 juillet 2017
17, place du Trocadéro – 75016
Tous les jours, sauf mardi, de 10h à 18h
Plein tarif : 12€ (gratuit moins de 18 ans)
(Billet couplé avec les collections permanentes de la Galerie de l’Homme et les autres expos temporaires)
www.museedelhomme.fr