Honvault, Jacques - Photographe

Il a fait de la science un médium pour créer de l’art. Ses photographies entre abstraction et surréalisme brouillent les pistes et bousculent le regard.

L’œil croit voir une plaque métallique ou une toile irisée fendue d’une cicatrice à la Fontana ? Non, c’est un simple cheveu flottant sur l’eau photographié par cet ingénieur de formation (né en 1974 à Metz, diplômé Ensam Paris) qui s’est spécialisé dans la photographie haute vitesse avec son Nikon pour mettre en scène des expériences scientifiques. Ces photographies, qui questionnent le monde physique, séduisent aussi notre imaginaire. Belles par leurs effets, leurs couleurs, leur transparence, leur instabilité, leurs tiroirs secrets, leur abstraction, leur surréalisme parfois, elles ne font l’objet d’aucun trucage, les couleurs ne sont pas retouchées mais produites par la lumière et les colorants intégrés durant l’expérimentation.

Ses photographies sont devenues des œuvres plastiques, presque malgré ce photographe qui semble encore écartelé entre le monde des sciences et celui de l’art qui le passionne. Il assure que la photographie n’est pas son médium, que ce qu’il manie afin de créer ses œuvres sont bien les outils de la science et de la technologie, qu’il se passionne pour l’humain et l’origine du cosmos…et il publie dans le même temps son Manifeste artistique pour expliquer sa démarche et évoquer la cassure qui l’a le plus marqué dans l’histoire de l’art, celle liée aux travaux des impressionnistes. « Pour la première fois, un collectif peint des scènes qui ne sont plus photo-réalistes. Les ciels sont moutonneux, les visages sont flous, la peau devient immatérielle… Les scènes peintes sont pourtant des plus banales : un port, une mare, un champ... L’intérêt n’est pas tant pour ce qui est peint mais pourquoi cela est peint de cette manière. La grande question est donc : comment un homme peut concevoir une toile impressionniste sachant que l’on ne voit que de façon photo-réaliste ? »
Et Jacques Honvault finit par convenir qu’il est « photographe scientifique ET artiste », avançant aussitôt que si aujourd’hui, il fige systématiquement ses installations par la photographie, bientôt certaines de ses œuvres pourront vivre également en tant que sculptures.

Catherine Rigollet (Novembre 2009)

Photographies ©J.Honvault