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Jean-Jacques Henner - Eugénie Alméras : résonances

Cascade de cheveux bruns, longue robe rouge, Eugénie Alméras est un peu l’Hérodiade de Jean-Jacques Henner (1829-1905). Le peintre affectionnait le rouge qui faisait vibrer ses tableaux. Celui des petits détails comme un simple ruban, celui des vêtements, comme celui des chevelures. Ce roux sensuel faisant ressortir la chair ivoirine des visages et des corps des femmes (La Vérité, 1899-1902) et des hommes (Saint Sébastien, 1888) qu’il peignait en estompant les contours, dans un style vaporeux.

Les œuvres de Jean-Jacques Henner (nombreux portraits, mais aussi peintures d’histoire et paysages), que l’on peut découvrir dans le joli musée-maison-atelier qui a réouvert en mai 2016, étaient totalement inconnues à Eugénie Alméras (née en 1988 à Paris), jusqu’à ce qu’elle découvre cette année-là une affiche figurant la comtesse Kessler. Un tableau d’où n’émerge qu’un laiteux visage au regard très expressif surmonté d’une vaporeuse choucroute fauve, se fondant dans un fond sombre et sans décor. Un portrait qui charma d’emblée la jeune artiste, fraîchement diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2014. Depuis, revisitant les thèmes chers à Henner, Eugénie Alméras explore en parallèle sa propre biographie, mêlant ses sources d’inspiration personnelles.

Ainsi, partant de la sensualité du Saint Sébastien de Henner, Eugénie Alméras peint des nus masculins à la chevelure rousse, parfois tatoués de figures de Henner. Toutefois, le drapé blanc enveloppant le martyr (censure envers la nudité) se mue parfois sous son pinceau en un drap séchant au vent, d’un vermillon plein de passion et d’érotisme. S’inspirant des paysages d’Alsace de Henner, elle y fait écho en peignant les paysages de son village familial du Sud-Ouest, à la frontière espagnole. Mais dans les siens, les cabanes, caravanes et pneus omniprésents dans les champs pyrénéens remplacent l’étang, motif qui se répète en arrière-plan dans les toiles de Henner.

Deuxième artiste invitée en résidence au musée Jean-Jacques Henner, Eugénie Alméras expose une trentaine de ses œuvres (peintures et dessins) au milieu des collections. Une belle occasion de découvrir le travail d’une jeune artiste émergente, tout en parcourant la carrière et l’œuvre de Jean-Jacques Henner, de son Alsace natale à Paris où il fit carrière, en passant par la Villa Médicis où il a séjourné, suite à son Prix de Rome. Une peinture langoureuse et poétique.

Catherine Rigollet

Visuels page expo : Jean-Jacques Henner, Hérodiade, vers 1887. Huile sur carton collé sur toile, 109 x 68,5 cm. Photo ©Rmn-GP, Franck Raux.
Jean-Jacques Henner, La Vérité, 1889-1902. Huile sur toile, 165,5 x 180 cm. ©Rmn-GP / Gérard Blot.
Eugénie Alméras, Nu. La Vérité de Henner, huile sur toile, 120 x 60 cm. 2017. Photo ©J. Obadia.
Visuel vignette : Jean-Jacques Henner, La Comtesse Kessler, vers 1886. Huile sur toile, 109 x 69,5 cm (détail).

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 16 mai au 4 septembre 2018
Musée national Jean-Jacques Henner
43 avenue de Villiers – 75017 Paris
11-18h, sauf le mardi
Nocturne jusqu’à 21h le 2e jeudi du mois
Plein tarif : 6 €
www.musee-henner.fr