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Jean-Louis Forain (1852-1931). « La comédie parisienne »

Vers 1869, Jean- Louis Forain est un jeune rapin de 17 ans qui s’exerce en copiant les maîtres, notamment Goya et Rembrandt qui vont fortement l’influencer. Après un bref passage chez Gérôme, puis dans l’atelier de Carpeaux, il mène une vie de bohème, cohabite avec Rimbaud, rejoint le cercle des artistes indépendants, se rapproche de Manet et de Degas, expose à plusieurs reprises avec les impressionnistes. Une proximité de style qui éclate tout particulièrement dans ses tableaux de danseuses. Mais ce fils d’ouvrier qui s’intéresse aux petits métiers et aux gens modestes est aussi un brillant caricaturiste qui d’un coup de patte aussi incisif que son esprit est caustique, dénonce les travers des bourgeois. Polémiste, pourfendeur du théâtre de la justice tel un Daumier, il va commenter pendant cinquante ans, souvent avec férocité, la vie sociale et politique française en publiant dans des journaux aussi variés que Le Figaro, Le Courrier français, The New York Herald ou Le Rire. Curieusement il se fourvoit en politique, devient un virulent antidreyfusard, et avec le même excès traverse une crise spirituelle en illustrant des épisodes bibliques et des représentations de Lourdes. Une série qui va prendre fin avec la guerre de 14-18. À 62 ans, Forain s’engage sous les drapeaux comme correspondant de guerre, se donne la mission de renforcer la fibre patriotique de ses contemporains et livre 208 illustrations de la vie dans les tranchées et des batailles. Il interrompt sa collaboration avec la presse définitivement dans les années 1920 pour se consacrer exclusivement à la peinture, s’enthousiasmant pour le Paris des Années folles et retrouvant le plaisir de la vie nocturne. « Sa peinture devient plus audacieuse, cherchant à traduire l’émotion. Il dissimule les visages sous des masques blancs pour ne capter que l’ambiance et la perception des jeux de lumière » souligne Florence Valdès-Forain, historienne de l’art et arrière petite fille de l’artiste. C’est là que son véritable talent de peintre jaillit, dans ces toiles presque expressionnistes marquées par une fougue gestuelle. Mais souffrant d’asthme et d’emphysème, Forain s’éteint en juillet 1931, à 79 ans. Plus de deux cents œuvres provenant de musées européens et américains, et aussi de collections privées retracent la riche aventure humaine et plastique d’un artiste qui visiblement se chercha toute sa vie et que l’histoire de l’art n’a retenu que comme caricaturiste.

Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Infos pratiques

Du 10 mars au 5 juin 2011
Petit Palais
Du mardi au dimanche
De 10h à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 20h
Plein tarif : 10€
www.petitpalais.paris.fr