Stora, Jean-Pierre - Peintre

Ce peintre trop tôt disparu (1933-1996) a noirci des carnets de croquis et peint des dizaines de tableaux inspirés par la foule urbaine sans visage. Artiste mélomane et pianiste, il a mis en scène des milliers de silhouettes jouant à la fois de la sonorité des couleurs et du rythme des coups de pinceaux, comme dans ses célèbres Passants de Beaubourg.

Fasciné à son ouverture en 1977 par le Centre Pompidou et son flot quotidien de promeneurs, de touristes, d’amateurs d’art, de cinéphiles, d’étudiants, de saltimbanques...leurs mouvements, leurs brusques concentrations, leurs couleurs, leurs sonorités, leur anonymat autant que leur humanité, le peintre Jean-Pierre Stora (Alger 1933 - Tillard 1996) a noirci des carnets de croquis et peint des dizaines de tableaux inspirés par Beaubourg et sa foule sans visage.

Travaillant à l’huile et au lavis, avec de fins pinceaux, il s’intéresse à la vibration de la touche et à la transparence. Mélomane et pianiste, Stora perçoit des rythmes musicaux dans cette ruche humaine qu’il met en scène dans ses toiles à la manière de chorégraphies, observées en plongée. Il aime cet endroit pour tout ce qu’il évoque : culture, créativité, mouvement, musique, tout à la fois attiré et angoissé par les grandes fourmilières humaines. Peintre exigeant, travailleur inlassable en quête de lumière, il se plait même à l’observer et à la peindre depuis l’obscurité de sa maison.

Ce fin connaisseur de l’histoire de l’art qui admirait le Caravage et Rembrandt était aussi un fou de dessin et d’encre comme en témoigne le très bel ouvrage monographique qu’il a consacré au dessin et à la plume. En vous promenant dans le centre de Paris, passez donc par la rue Vaucanson dans le 3e arrondissement pour découvrir la longue fresque de Stora, commandée par la ville de Paris et peinte sur le mur de l’école, en 1995. La philosophie et l’humanité de l’artiste y sont gravées.

Catherine Rigollet (Juin 2007)

Photographies : D.R