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Junya Ishigami : Freeing Architecture

La Fondation Cartier ouvre ses portes pour la première fois à l’architecture, et cette première, superbe, consacrée à un jeune architecte japonais souligne combien la structure aérée de Jean Nouvel est en parfaite adéquation avec ce genre d’exposition. Junya Ishigami (né en 1974), Lion d’Or à la Biennale d’Architecture de Venise en 2010, a fait ses premières armes chez SANAA, l’agence d’architecture responsable de la conception du Louvre-Lens, avant de créer son propre cabinet en 2004. Une équipe pléthorique a travaillé pendant des semaines à la fabrication des maquettes exposées ici. Maquettes des grands projets d’Ishigami, achevés ou non, au Japon et en Europe. Un travail de Titan pour certaines, telle celle du centre d’accueil des visiteurs d’un parc floral hollandais, où chaque brin d’herbe a été planté individuellement. Fabriquées pour l’exposition, elles n’ont plus vocation d’outils de travail et deviennent œuvres d’art. Créativité, liberté et poésie se dégagent de chacune d’elles.

Ishigami n’érige pas son architecture dans la nature, il fait pénétrer cette nature, sans la contraindre, dans ses réalisations, réussissant à faire dialoguer intérieur et extérieur. D’où une architecture aérienne comme un nuage, fluide comme une rivière, miroitante comme un océan encalminant, étoilée comme un ciel de désert. Forêts de piliers, grottes de béton “en négatif” arrachées à la terre mais habitables, mégalithes autour desquels se lovent des maisons individuelles, rien n’arrête l’imagination de l’architecte. On n’ose imaginer les défis techniques auxquels sont ou seront confrontés les maîtres d’œuvre. Ishigami crée pour les enfants ou pour les personnes âgées, pour ceux qui prient (ondulante chapelle au creux d’une falaise chinoise), méditent (House of Peace, Copenhague), étudient (atelier, Kanagawa), se restaurent (restaurant, Yamaguchi) ou jouent (Cloud Garden, Kanagawa). Ishigami sait décliner, ré-inventer les formes traditionnelles pour créer la forme inédite qui servira le mieux la vocation de l’édifice. S’est-il inspiré, par exemple, de salles hypostyles ou de nefs gothiques pour l’atelier des étudiants de l’Institut de Technologie de Kanagawa ou la restauration du Musée Polytechnique de Moscou, deux réalisations jouant sur l’utilisation de multiples piliers ?

À côté des maquettes figurent de nombreux dessins et plans, ainsi que des vidéos, qui ouvriront le public, même non spécialiste, au monde lumineux et imaginatif de l’architecte. Un monde qui prouve qu’il y a une alternative à l’architecture pragmatique et déshumanisante à laquelle nous sommes souvent confrontés. Ne pas manquer la vidéo qui fait vivre chaque projet au fil de textes poétiques d’Ishigami.

Elisabeth Hopkins

Visuels : Junya Ishigami, Freeing Architecture. © Giovanni Emilio Galanello.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 30 mars au 10 juin 2018
PROLONGATION jusqu’au 9 septembre
Fondation Cartier pour l’art contemporain
201, boulevard Raspail, Paris 14e
Ouvert tous les jours, de 11h à 20h
Nocturne le mardi jusqu’à 22h
Fermé le lundi
Entrée : 10,50€
www.fondationcartier.com

 


 Catalogue broché, 26 x 36 cm, 320 pages, 150 reproductions avec textes de Junya Ishigami. Co-édition Fondation Cartier et LIXIL Publishing, Tokyo. Versions japonaise et anglaise. 42€.