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Keith Haring. Faire aussi vite que possible

On n’oublie pas le style incomparable de Keith Haring, comète du street art des années 80, mort du sida à 31 ans, fait de petits personnages stylisés, cernés de larges traits et d’un répertoire de signes emblématiques. Très prolifique, adorant travailler (« I really love to work »), ce virtuose du dessin qui disait vouloir « faire autant que possible, aussi vite que possible » (Cf Keith Haring Studio, Ed. Alternatives), aura réalisé durant dix ans de cinq à dix mille subway drawings à la craie, puis à partir de 1985 des centaines d’œuvres hors du métro, sur bâches et toiles, de toutes les tailles, à l’acrylique et à l’huile.
Loin d’être répétitive et anecdotique, son œuvre dont l’approche est plus conceptuelle que picturale, est à la fois violente, volubile, joyeuse et révoltée, parle de la guerre et de la menace nucléaire, de l’apartheid qui discrimine, de la religion qui oppresse, du sexe qui peut conduire à la mort, de son homosexualité revendiquée, de sa lutte contre l’homophobie, du bonheur de vivre… « Mes dessins ne tentent pas d’imiter la vie, ils tentent de créer la vie, de l’inventer », disait Keith Haring. Une œuvre universelle. Son ami Warhol meurt en 1987, Basquiat disparait en 1988 et la même année Keith Haring découvre sa séropositivité et crée une fondation pour lutter contre le Sida.

Peu d’œuvres de Keith Haring figurent dans les collections publiques françaises. Après la rétrospective au musée d’art contemporain de Lyon en 2008, cette nouvelle grande exposition de 230 œuvres au musée d’art moderne de la ville de Paris est l’occasion de parcourir toute l’œuvre de cet artiste rebelle qui tout en critiquant les dérives du capitalisme et des mass media avait tout de même, sur les conseils de Warhol expert en matière commerciale, ouvert boutique à New York, dans SoHo, au 292 Lafayette Street, pour commercialiser une profusion de produits dérivés, considérant que l’art doit être accessible à tous. Il en ouvrira une seconde à Tokyo.

En parallèle à cette exposition très réussie, « qui a pour ambition de faire comprendre toute la grandeur de cette œuvre qui possède pourtant de si nombreux signes de légèreté, comme cela arrive souvent chez les artistes de génie », souligne Fabrice Hergott, directeur du musée d’art moderne, le CENTQUATRE présente une vingtaine de très grands formats de l’artiste. Grandes par leur taille ou leur volume, la plupart de ces bâches ou sculptures n’ont jamais été montrées à Paris. Elles couvrent les thématiques développées autour de la question du politique.

Catherine Rigollet

Visuel page expo : Michael Stewart – USA for Africa, 1985. Collection Lindemann, Miami Beach. Acrylique et huile sur toile. 295 x 367 cm. © Keith Haring Foudation. Photo D.R.
Visuel vignette : Keith Haring, Untitled, septembre 1982. Collection particulière. Peinture vinylique sur bâche vinyle 182,8 x 182,8 cm © Keith Haring Foundation

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Keith Haring. Rétrospective 2013, MAMParis
Du 19 avril 2013 au 18 août 2013
Musée d’art moderne Paris
11 avenue du Président Wilson - 75116 Paris
Tél. 01 53 67 40 00
Du mardi au dimanche de 10h à 18h / nocturne le jeudi jusqu’à 22h
www.mam.paris.fr

 

et au 104
5 rue Curial 75019 Paris
Du mardi au dimanche de 13h à 19h
tarif plein : 8€
Tél. 01 53 35 50 00
www.104.fr

 


 A lire :
« Keith Haring Studio ». Un après-midi de la vie créative de Keith Haring, photographié le 30 octobre 1988 par son ami Baptiste Lignel, alors âgé de 14 ans. Ed. Alternatives, 56 pages de photo-reportage avec des commentaires. bilingue. 15€