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Klimt/Schiele. Drawings from the Albertina, Vienna

On le dira d’entrée de jeu ! Cette juxtaposition d’œuvres sur papier de Gustav Klimt (1862-1918) et de Egon Schiele (1890-1918) ne tourne pas à l’avantage de Klimt ! Est-il équitable de comparer des esquisses (Klimt) à des œuvres abouties car Schiele jette sur le papier une énergie, une liberté créatrice qui finissent par reléguer les études au crayon de Klimt à une studieuse simplicité, même si quelques-uns de ses exercices préfigurent ses peintures sophistiquées et radieuses. Et pourtant les deux peintres, que 28 ans séparent, liés par leur anti-académisme dans la Vienne de la Sécession, entretiennent pendant des années une admiration et affection réciproques.

Ils ont en commun l’année de leur mort, 1918, leurs approches non-conventionnelles de l’art, leurs nus érotiques, leurs échanges de dessins lorsqu’ils visitaient l’atelier de l’autre. Mais ce sont surtout les divergences entre les deux artistes qui retiennent ici : Alors que Schiele n’hésite pas à se lancer dans des autoportraits, nu ou habillé, de dos ou de face, portant dans son regard halluciné sa vision du monde (Nude self-portrait, 1916), Klimt n’a laissé aucun autoportrait sur papier. Il sera, en revanche, un portraitiste recherché par la bonne société et nous en donne un avant-goût avec le portrait anonyme Lady with cape and hat (1897-98).

Dans la section dite érotique, Schiele offre des corps torturés, aux postures exhibitionnistes. Ces dessins lui valurent quelques semaines de prison, au motif qu’ils avaient été vus par une mineure – les causes exactes de cet emprisonnement varient d’ailleurs selon les sources. Ils contrastent violemment avec les lignes pâles, sages et douces des esquisses de Klimt.

On sort de cette exposition, fasciné par un Schiele expressionniste, sexuel, équivoque (en comparaison de son Nu de fille aux cheveux noirs, debout, 2010, les petites filles de Balthus seraient l’innocence même), que l’on peut également admirer à la Fondation Vuitton à Paris jusqu’au 14 janvier 2019, et on a envie de se précipiter au Belvédère de Vienne (ou, plus proche, à l’Atelier des Lumières à Paris) pour retrouver le Klimt symboliste précieux qui nous séduit tant.

Elisabeth Hopkins

Visuels : Gustav Klimt, Standing Lovers, 1907-08. Pencil, red crayon and gold paint on paper, 24.4 x 14 cm. The Albertina Museum, Vienna. The Batliner Collection.
Egon Schiele, The Cellist, 1910. Black crayon and watercolour on packing paper, 44.7 x 31.2 cm. The Albertina Museum, Vienna. Exhibition organised by the Royal Academy of Arts, London and the Albertina Museum, Vienna.

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Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 4 novembre 2018 au 3 février 2019
Royal Academy of Arts
Burlington House
Piccadilly, Londres W1J 0BD, Angleterre
Ouvert tous les jours de 10h à 18h
Nocturne les vendredis jusqu’à 22h.
Entrée : 18 £
www.royalacademy.org.uk