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La pierre sacrée des Māori

Est-ce par ce qu’il est plus rare que l’or ? Qu’il est dur et solide, beau et doux au toucher ? Qu’il vient des profondeurs de la croûte terrestre et qu’il remonte en surface –de manière presque magique- grâce aux mouvements tectoniques, avant de se retrouver en rochers ou roulé en galets dans l’eau des ruisseaux et des fleuves ? Qu’il possède des propriétés acoustiques supérieures à la sonorité d’une cloche ? Pour toutes ces raisons sans doute, le jade est une pierre sacrée pour les Māori qui le considèrent d’essence divine. Et ils ne sont pas les seuls à lui trouver mille vertus. Les Mayas aussi le jugeaient comme le plus rare et le plus précieux des matériaux, confectionnant avec des masques mortuaires pour s’assurer la vie éternelle, comme le montrait l’exposition : Mayas, révélation d’un temps sans fin, au Quai Branly en 2015.. Même Confucius s’est exprimé sur le jade, le voyant comme l’image de la bonté et les empereurs chinois le considéraient comme parure naturelle.. Quelle pierre !

Matériau d’outillage, mais aussi pierre d’ornementation, instrument d’échange, source de spiritualité et de rituels, le jade (pounamu en langue māori ) a épousé l’histoire de la société māori, depuis que les ancêtres navigateurs ont accosté sur Te Wai Pounamu, l’île méridionale de la Nouvelle-Zélande où se concentrent les gisements de la pierre. Un territoire protégé, bordé de glaciers et de fjords.
Le jade vert (le jade peut aussi être blanc, gris moucheté, noir…) est mis à l’honneur au musée du quai Branly – Jacques Chirac, dans une exposition conçue par le musée de Nouvelle-Zélande Te Papa Tongarewa et l’iwi Ngāi Tahu, et qui s’appuie sur les très riches collections du musée néo-zélandais.

Après une introduction géologique sur les origines et les qualités du pounamu, le parcours nous immerge dans la culture riche et vivante des Māori au travers de 200 objets en jade : bijoux de cou ou d’oreilles, herminettes et massues à manche court (mere) taillés dans le précieux minéral, mais aussi « pierres à toucher ». Tous sont vecteurs du mana de leur possesseur : cette puissance sacrée héritée des dieux, signe aussi de prestige, voire même de pouvoirs surnaturels. Les hei tiki, ces curieux pendentifs anthropomorphes à grande tête, au corps ramassé et aux membres arqués, sont les plus nombreux et les plus connus des objets d’ornement. Les yeux de certains hei tiki ont des incrustations de morceaux de coquille irisée ou de cire rouge ; une couleur sacrée pour les Māori.

Ces hei tiki se transmettent, comme les « pierres à toucher », de générations en générations afin « d’établir un lien avec le passé et les ancêtres, de sauvegarder le patrimoine et le savoir être » témoignent de jeunes Māori dans des vidéos.

Toujours très appréciés, s’offrant en signe d’amitié ou d’amour, les hei tiki continuent d’inspirer les artistes contemporains comme Lewis Tamihana Gardiner (né en 1972), artiste renommé dont on découvre le travail. Le pounamu est aussi devenu le symbole de l’identité nationale et de l’esprit néo-zélandais. Ainsi, une pierre kohatu mauri (force vitale) faite en pounamu accompagne toujours l’équipe néo-zélandaise aux Jeux Olympiques.

Catherine Rigollet

Visuels : Hei tiki (pendentif anthropomorphe). Don de Leo Buller, 1911. © Kura Pounamu marketing images Te Papa. Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa.
Pinohi Tūtakangahau, 1901–09. © Kura Pounamu marketing images Te Papa. Photographe : James McDonald. Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 23 mai au 1er octobre 2017
Musée du Quai Branly - Jacques Chirac
37, Quai Branly - 75007 Paris
Mardi, mercredi et dimanche de 11h à 19h
Jeudi, vendredi et samedi de 11h à 21h
Fermé le lundi
Tarif plein : 10€ (+ collections permanentes et l’Afrique des routes)
Tél. +33 (0)1 56 61 70 00
www.quaibranly.fr