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La toile de Jouy et ses réinterprétations contemporaines

Descendant de plusieurs générations de teinturiers installés dans le Wurtemberg, graveur et coloriste de son état, Christophe Philippe Oberkampf (1738-1815) est venu chercher fortune en France. Audacieux entrepreneur et confiant dans la vogue des toiles peintes, il a fondé, en 1760, à 22 ans un atelier à Jouy-en-Josas et s’est associé financièrement avec le fortuné Joseph-Alexandre Sarrasin de Maraise, dont l’épouse Marie-Catherine, femme d’affaires active et avisée, va devenir son bras droit, faisant passer la simple fabrique au rang de Manufacture royale des Toiles de Jouy. En 1790, Oberkampf qui possède 50% de la société, décide de la dissoudre, comme les termes du contrat signé avec les de Maraise l’y autorise, et rachète leur part, devenant seul propriétaire.
De 1760 à 1843, plus de 30 000 motifs seront créés à Jouy pour la mode et l’ameublement. Les toiles les plus connues sont les scènes à personnages en camaïeux (rouge ou bleu) mais les plus courantes sont celles à motifs floraux ou géométriques : les indiennes. Aujourd’hui, les toiles ne sont plus imprimées à Jouy-en-Josas, mais un musée, créé en 1977 et dirigé par Esclarmonde Monteil, conserve une collection de près de 10 000 pièces (outils de graveur, planches de bois gravé, plaques et rouleaux de cuivre pour l’impression, toiles imprimées, costumes, et documents sur l’histoire de la Manufacture) et organise régulièrement des expositions thématiques.

À l’occasion du bicentenaire de la mort d’Oberkampf en 2015, plusieurs temps forts sont programmés tout au long de l’année.

On peut voir actuellement trois expositions d’art contemporain en résonance avec la légendaire toile de Jouy. Le Tapis moghol, une tradition réinventée, en partenariat avec les services culturels de l’ambassade de l’Inde et la galerie Akar Prakar de Calcutta, présente le travail d’artistes contemporains indiens autour du coton imprimé. On the Toile, conçue par l’architecte d’intérieur Jacotte Courtois de Viçose, propose une réinterprétation de la toile de Jouy par des artistes travaillant différents médias. Ainsi Richard Saja est plutôt irrévérencieux en brodant des scènes pop ou rock par-dessus les motifs classiques. Brigitte Zieger interpelle et amuse le spectateur en transformant brusquement une paisible bergère imprimée sur la toile de Jouy en sniper vivant grâce à l’outil vidéo. Tandis que dans son installation de personnages grandeur nature, Camille Assaf rappelle que la servitude perdurait à l’époque de la toile de Jouy. L’histoire de la toile de Jouy étant autant une affaire artistique qu’économique, l’école HEC, située à quelques kilomètres du musée, a également convié une vingtaine d’artistes à réinterpréter les notions de manufacture, travail manuel et travail collectif en peinture, broderie, sculpture, installation, vidéo, photographie, sérigraphie…Des œuvres à découvrir dans l’Espace d’art contemporain du campus.

Catherine Rigollet

Visuel : Christophe-Philippe Oberkampf © Musée de la Toile de Jouy

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 5 mai au 26 juillet 2015
Le Tapis moghol, une tradition réinventée & On the toile
Musée de la toile de Jouy
Château de l’Eglantine
54, rue Charles de Gaulle 78350 Jouy-en-Josas
Mardi, de 14h à 18h
Du mercredi au dimanche, de 11h à 18h
Fermé le lundi
Tarif plein : 7€
Tél. 01 39 56 48 64
www.museedelatoiledejouy.fr

 

 Du 15 septembre au 27 décembre 2015, une nouvelle exposition racontera l’aventure humaine, industrielle et artistique d’Oberkampf.