Vous consultez une archive !

La vie simple – Simplement la vie

« Songs of alienation »

Oublions le sous-titre en anglais et ne retenons du titre de l’exposition que la partie en français. Car le projet, à la fois simple et recherché, veut mettre en regard des artistes contemporains qui, inspirés par la recherche de la simplicité d’un Van Gogh (1853-1890) séduit par Millet (paysages et activités paysannes), mais aussi par sa fascination pour la couleur, proposent une vision d’une vie simple qui emprunterait au passé sans être passéiste pour enrichir un présent et un futur façonnés par des technologies invasives et une nature menacée.

Une belle et bonne idée de base que les artistes exploitent de manière très libre, avec un brin de provocation par exemple, tel cet autoportrait grand format du photographe de mode Juergen Teller (né en 1964, travaille à Londres) le montrant nu couché sur un âne : serait-ce une entreprise de domestication qui ne dit pas son nom ? Jonathas de Andrade (né en 1982, travaille au Brésil) invente un rituel en filmant des pêcheurs berçant interminablement l’agonie d’un gros poisson tenu dans leurs bras comme un enfant blessé. Il serait tentant de parler de Pietà pour ce O Peixe, mais nous n’irons pas jusque là. Ytto Barrada (née en 1971, travaille à NY et Tanger) nous offre des photos d’iris, fleur en voie de disparition dans la région de Tanger. Derrière ces photos aussi belles que conventionnelles, l’artiste marocaine s’interroge sur l’impact du développement urbain et économique sur la nature. Nicolas Party (né en 1980, travaille à Bruxelles et New York), un habitué de la fresque murale et des couleurs saturées, peint à l’huile sur des murs jaunes des bouquets stylisés, transformant le huis-clos d’une salle muséale en un champ ensoleillé vangoghien éphémère. L’entrée dans une carrière, mi-juillet 1889 de Van Gogh offre alors un contraste surprenant avec cette luminosité : “une envie de palette comme dans le Nord”, écrit-il à Théo un mois plus tard à propos de ce morceau de paysage des Alpilles.
Si simplicité il y a dans cette exposition, on ne peut la manquer avec les graffitis de Dan Perjovschi (né en 1961, travaille à Bucarest) parsemés sur les murs blancs, naïfs dans la forme mais pas dans le fond. Mais s’il ne fallait retenir qu’un artiste, ce serait Andrea Büttner (née en 1972, travaille à Londres et Berlin) qui offre une série de photographies en noir et blanc d’œuvres sur des pierres, étude sur le statisme, à confronter aux mouvements captés dans Bergers et rois, un défilement de dizaines de reproductions d’adorations des bergers ou des rois mages classiques.

À force de vouloir faire simple, on se complique parfois la vie. À chacun de trouver dans les œuvres ce petit pan de vie simple. Ce n’est pas toujours évident dans les œuvres sélectionnées, qui s’attirent ou s’ignorent, creusent parfois une même thématique, ou s’intellectualisent de manière déroutante.

Elisabeth Hopkins

Visuel : Juergen Teller, Self-portrait, Plates/Teller No. 36, 2016. Impression giclée non encadrée, 152,4 x 101,6 cm. © 2016 Juergen Teller, tous droits réservés.

Archives expo en France

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 7 octobre 2017 au 2 avril 2018
Fondation Vincent van Gogh
35ter, rue du docteur Fanton - 13200 Arles
Ouverture du mardi au dimanche, de 11h à 18h
Entrée : 9€
www.fondation-vincentvangogh-arles.org