Réouvert en juin 2017, le musée franco-américain du château de Blérancourt est niché dans un coin de l’Aisne durement éprouvé par les ravages de la Grande Guerre. La renaissance du château, conçu à l’origine par l’architecte Salomon de Brosse (1571-1626), doit tout à la fille du célèbre banquier américain John Pierpont Morgan, Anne Morgan (1873-1952), figure emblématique de l’engagement humanitaire américain auprès des Français pendant la Première guerre dès avant l’entrée en guerre des États-Unis en 1917. D’où l’opportunité de consacrer la première exposition temporaire de ce musée rénové au centenaire de cette entrée en guerre, associant ainsi la millionnaire bienfaitrice à l’effort de toute une nation.
Placée sous le signe des deux figures symboliques et omniprésentes de l’amitié franco-américaine depuis l’Indépendance que sont le marquis de La Fayette et la statue de la liberté, l’exposition « 1917, La Fayette nous voilà ! » dissémine ses pièces, dont certaines appartiennent au musée et d’autres lui ont été spécialement prêtées, parmi les trois sections de la collection permanente du musée : Idéaux, Épreuves et Arts.
Peintures, dessins, affiches de propagande, films, photos ou objets évoquent tour à tour les soldats amérindiens et afro-américains, les levées de fonds et de troupes aux États-Unis, les orchestres militaires de jazz et de ragtime… Cette période qui va de l’entrée en guerre à la signature de l’armistice en 1919 fut justement propice à la diffusion de cette culture américaine inconnue en France. On s’attardera devant le dernier modèle rescapé de l’ambulance de l’American Field Service, issu du service de transport de l’hôpital américain de Neuilly. Avec le drapeau français signé des aviateurs, l’emblème à la tête de sioux ou la « bouteille de la mort », on pénètre dans le cercle légendaire de l’escadrille aérienne La Fayette, composée de pilotes américains volontaires engagés dès 1916 sous commandement français.
Quelque peu succincte et manquant de repères et d’indications précis, cette exposition temporaire est surtout une bonne occasion de découvrir cet étonnant musée franco-américain, riche d’œuvres d’autres périodes, au cœur d’un des théâtres d’opérations majeurs de la Grande Guerre.
Jean-Michel Masqué