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Le Maroc contemporain

L’immense tente sahraouie en laine de chèvre et de chameau qui occupe le parvis de l’IMA est à l’échelle de cette vaste exposition d’œuvres de 80 artistes marocains. ¬ Peintures, calligraphies, œuvres sur papier, sculptures, vidéos, installations, photographies s’étalent sur les cinquante dernières années et reflètent un idiome artistique qui évolue, sans renier ses origines ni se laisser confiner par les frontières à l’intérieur desquelles il est né.

Hétérogène, foisonnante, imaginative, l’exposition reflète une créativité spontanée, heureuse, pas encore officialisée, peu provocatrice mais néanmoins engagée et responsable. Les artistes déjà exposés en France – Mounir Fatmi, Mohamed Tabal, Nadjia Mehadi et Safaa Erruas, pour n’en citer que quelques-uns – côtoient de jeunes inconnus. La plupart des œuvres connotent la culture, les traditions, voire la spiritualité, du royaume chérifien. Jean-Hubert Martin, co-commissaire, parle d’une “Nayda”, une renaissance. Pour le visiteur, c’est surtout une découverte.

Il faut surtout ne pas bouder son plaisir et se laisser porter par cette séduisante hétérogénéité, ne pas s’essayer à la classification, ne pas chercher le fil rouge, mais trouver ici de l’humour, là un engagement, là encore une intériorisation. Pour ponctuer votre itinéraire, quelques balises qui vous retiendront peut-être aussi : le film de Faouzi Bensaïdi, “Le Mur” (2006). Un survol en quelques minutes des petites faiblesses des marocains (qui pourraient être les nôtres aussi) devant un mur blanc mais terriblement vivant… L’installation méditative (tendance soufie ?) “Zahra Zoujaj « (2010) de Younès Rahmoun, une monumentale suspension de 77 lampes-fleurs (les 77 branches de la foi dans l’Islam, selon un hadith) dans un lieu clos et sombre. Les photos de Nourredine Tisaghani, “Passage Protégé 1” (2014) qui forcent le regard à se perdre dans un horizon infini. La courte vidéo de Nadia Bensallam sur une femme voilée, perchée, mollets à l’air, sur de hauts talons, et harcelée dans les rues de Marrakech. Et enfin l’émouvante installation (2008) de Hassan Echair : sur une nappe de sel, des carcasses stylisées, fragiles, emblématiques, d’embarcations échouées, avec leur charge noire fossilisée. Un magnifique hommage à ceux qui périssent en Méditerranée dans leur quête d’un monde meilleur. Des œuvres qui nourrissent le regard, des œuvres ouvertes sur le monde, des œuvres vivantes et personnelles qu’il ne faut surtout pas manquer !

Elisabeth Hopkins

Visuels page expo : Younès Rahmoun, Zahra Zoujaj, Verre, miroirs, feutre, LEDs, câbles, baffles, bois, structure métallique... (2010) ©Courtesy Mathaf : Arab Museum of Modern Art, Doha. Nour Eddine Tilsaghani, Passage protégé, 2, photographie (2014).
Visuels page d’accueil : Imane Djamil, Sans titre (2012). Farid Belkhaia, Main (1980). Tente sahraouie en laine de chèvre et de chameau (parvis de l’IMA).

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 15 octobre 2014 au 1er mars 2015
Institut du Monde Arabe
1, rue des Fossés Saint-Bernard - 75005 Paris
Mardi, mercredi, jeudi, de 10h à 18h
Vendredi, nocturne jusqu’à 21h30
Week-end et jours fériés, de 10 à 19h
Plein tarif : 10,5 €
Tél. 01 40 51 38 38
www.imarabe.org

 


 A voir également au Musée du Louvre, « Le Maroc médiéval : Un Empire de l’Afrique à l’Espagne » jusqu’au 19 janvier 2015.