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Le jardin secret des Hansen : La collection Ordrupgaard

Le musée Jacquemart-André aime à exposer les collections de passionnés de l’art, comme le furent Edouard André et Nélie Jacquemart qui lui donnèrent son nom. L’homme d’affaires danois, Wilhelm Hansen, et son épouse, à la fois audacieux dans leurs choix mais bien conseillés par le critique d’art Théodore Duret (inventeur du terme “avant-garde”) et un ou deux galeristes parisiens, se constituèrent en deux ans, 1916-18, une collection d’œuvres impressionnistes et postimpressionnistes, qu’ils abritèrent dans leur résidence aux environs de Copenhague et ouvrirent au public dès 1918. Si des vicissitudes forcèrent, dans les années suivantes, les Hansen à vendre partie de leurs œuvres au Japon ou encore à la famille Carlsberg, fondatrice de la Glyptotek, dès 1924, le couple avait pu reconstituer une belle collection, même sans parvenir au chiffre de 12 œuvres par artiste qu’il s’était fixé. Œuvres et propriété furent donnés à l’état danois en 1952.

Une quarantaine de tableaux attestent de l’éclectisme du couple : les paysages, par Corot, Monet, puis Sisley et Pissarro, (dont on retrouve l’évolution de son style de Pontoise à Éragny, récemment mise en valeur par deux expositions parisiennes), ainsi qu’Armand Guillaumin, dont les représentations des activités portuaires séduisent les Hansen. Plus loin dans l’exposition, on revient à Courbet, influence primordiale sur les impressionnistes, et aux Daubigny, père et fils, influencés aussi par le peintre réaliste et sa technique (Pleine mer, temps gris, 1874 de Daubigny père). Les Hansen aiment les natures mortes, genre pourtant mineur à cette époque : une petite salle en recèle quatre, dont deux inédites et séduisantes : la Corbeille de poires, 1882, petit tableau réaliste peint par un Manet dont la santé se détériorait, et Nature morte d’Odilon Redon, toile simpliste où se côtoient une coupe et quelques poivrons colorés. Un parfum de Morandi avant l’heure.
Les scènes de vie et portraits sont bien présents, pastels de Degas, portraits innovateurs de Renoir, Berthe Morisot, et Eva Gonzalès, élève de Manet, qui offre ici La convalescente, toute en harmonies transparentes. Danemark obligeant, les Hansen s’attachent particulièrement à Gauguin qui a épousé une femme danoise. La dernière salle lui est consacrée, marquant chaque époque de sa vie, Paris, Pont Aven et Tahiti. On finit sur une taquinerie du peintre qui sous-titre d’un énigmatique : Vous y passerez, la belle ! ses Arbres bleus, 1889.
Chaque collection particulière a sa saveur, sa résonance, ses senteurs. On glane une anecdote ici et là. Ici, chaque œuvre conte silencieusement comment et pourquoi elle fut choisie, chacune parle de sérénité, de nature, d’amitié, chacune trahit le bonheur de peindre..
Un jardin secret que l’on aimerait bien faire sien.

Elisabeth Hopkins

Visuel page expo : Paul Gauguin, Les arbres bleus. « Vous y passerez, la belle ! », 1888, huile sur toile de jute, 92 x 73 cm. Ordrupgaard, Copenhague © Ordrupgaard, Copenhague / Photo : Anders Sune Berg
Visuel page d’accueil : Paul Cézanne, Baigneuses, vers 1895, huile sur toile, 47 x 77 cm. Ordrupgaard, Copenhague © Ordrupgaard, Copenhague / Photo : Anders Sune Berg.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 15 septembre 2017 au 22 janvier 2018
Musée Jacquemart-André
158, boulevard Haussmann -75008
Tous les jours, de 10h à 18h
Nocturne le lundi jusqu’à 20h30
Entrée : 13,50€
www.musée-jacquemart-andré.com

 

 Après le Musée Jacquemart-André, l’exposition sera présentée dans d’autres musées d’envergure en Europe et dans le monde, comme le Musée des Beaux-Arts du Canada à Ottawa.