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Lee Ungno, l’homme des foules

Surtout ne pas séparer la vie de l’œuvre de Lee Ungno (1904-1989). La Corée où il nait, le Japon où il découvre la modernité et l’art occidental, la France où il vit ont marqué tour à tour son style, ses thèmes et renforcé ses passions. Au fil de cette exposition, à l’accrochage un peu sévère, se révèlent les inspirations variées qui font de lui tout à la fois un peintre de l’orient et de l’occident, un artiste traditionnel et moderne, figuratif et abstrait. Son œuvre ira d’une peinture lettrée coréenne au pinceau, avec les bambous hautement symboliques, les animaux et la calligraphie (évoluant jusqu’à l’abstraction), à un expressionnisme abstrait à la Jackson Pollock, à des collages de papiers triturés et colorés, pour finir par des foisonnements quasi calligraphiques sur la toile, les “Foules”.

En 1959, Ungno quitte l’Asie pour l’Allemagne puis la France où il s’installe définitivement. Il y démontre l’art du pinceau et de l’encre, puis enseigne au Musée Cernuschi la possible symbiose entre sensibilité occidentale et technique orientale (contrôle du trait, maitrise des outils). Il est arrêté en Corée du Sud alors qu’il s’y rend pour une exposition. Il restera en prison de 1967 à 1969, un moment de grande créativité sur des matériaux de récupération (sauce de soja pour peindre, grains de riz pour sculpter). Il est en France lors des insurrections coréennes de 1980 avec ses centaines de morts, premier pas vers la démocratisation du pays. “Je transmets leur cri dans ma peinture” : ce seront donc les foules silencieusement éloquentes qu’il fait marcher, bondir, danser sur ses toiles jusqu’à sa mort, interprètes de son désir de paix, de réunification, et de démocratisation (Foule, 1988).

Ungno a vécu en France une trentaine d’années, côtoyant Hartung, Soulages et Zao-Wouki. Mais qui le connait aujourd’hui ? Il faut le redécouvrir sans attendre.

Elisabeth Hopkins

Visuels : Lee Ungno, Sans titre (détail), 1987, encre sur papier © Musée Cernuschi /Roger-Viollet - Adagp, Paris 2017.
Lee Ungno, Deux oiseaux, 1978, encre sur papier, 42,2 x 33 cm. © Alexandra Llaurency / Musée Cernuschi / Roger-Viollet - Adagp, Paris 2017.
Visuel vignette : Foule, 1987 (détail), encre et couleurs sur papier, 45,5 x 68,4 cm. © Musée Cernuschi / Roger-Viollet - Adagp, Paris 2017.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 9 juin au 19 novembre 2017
Musée Cernuschi
7 avenue Velázquez, Paris 75008
Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h
Fermé le lundi
Entrée : 8€
www.cernuschi.paris.fr