Pour fêter ses dix ans, le LAAC (Lieu d’art et d’action contemporaine) de Dunkerque a choisi une manière très originale : raconter son histoire, expliquer comment la collection s’est constituée (achats, dons, dations, dépôts) et même dévoiler un peu ses coulisses en expliquant comment les œuvres sont conservées dans les réserves et restaurées, « une facette que le public connait peu », souligne Sophie Warlop. Une histoire que cette conservatrice qui a pris la succession d’Aude Cordonnier à la direction du LAAC et des musées de Dunkerque en avril 2015 connait parfaitement, étant entrée au musée dès sa création.
Héritier du musée d’art contemporain né en 1982 grâce à la passion du collectionneur Gilbert Delaine (1934-2013) pour les artistes français des années 1940-1980 (CoBrA, les abstraits Soulages, Hartung, Manessier…Les Nouveaux Réalistes, la Figuration narrative, les peintres « dits » du Nord (Eugène Leroy, Eugène Dodeigne, Marc Ronet…), l’abstraction géométrique, Support/Surfaces…), le LAAC a ouvert en 2005 avec un Fonds de 1000 œuvres données par Delaine à Dunkerque. Il s’est depuis enrichi de 550 autres œuvres, notamment Personnage, (1975) une grande sculpture de Miro, dépôt de la fondation Miró, L’Or du rien (1967-68), grande toile d’Alechinsky mise en dépôt par la galerie Lelong ou encore 47 dessins et estampes, dépôt exceptionnel du Centre national des arts plastiques qui ont rejoint les 1320 dessins et 320 estampes du fonds d’art graphique. On peut voir une belle sélection de ces œuvres graphiques signées Appel, Doucet, Poliakoff, Masson, Michaux, Miro, Rouault, etc, dans le cabinet d’art graphique qui se déploie sur tout le deuxième étage du bâtiment.
Le lien avec son territoire constitue un autre axe essentiel du projet scientifique et culturel du LAAC. Cette démarche, héritée de celle de Gilbert Delaine, a donné lieu à un soutien à deux artistes de la région : Gérard Duchêne et Bernard Guerbadot. Ainsi qu’à cinq résidences et cinq expositions depuis 2005 : William Eggleston en 2006, Jurgen Nefzger en 2008, Peter Klasen en 2009, Marie-Noëlle Boutin en 2010-2011 et Honoré d’O en 2011…avec au total une soixantaine d’œuvres entrées dans les collections. Musée du dedans, Le LAAC est aussi un musée du dehors avec son jardin de sculptures entouré d’eau (Arman, Lalanne, Venet…), dominé par les monumentales Pleureuses en pierre bleue du Hainaut d’Eugène Dodeigne qui regardent vers la mer. Un hommage aux femmes de marins.
Catherine Rigollet