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Jacques Villeglé. Sculptures

En 2008, le Centre Pompidou accueillait la première grande rétrospective française, La Comédie urbaine, consacrée à Jacques Villeglé, surtout connu pour ses affiches lacérées et marouflées sur toile. On le retrouve, quatre ans plus tard, dans le lieu d’art contemporain de Saint-Gratien (95) qui porte d’ailleurs son nom, avec des sculptures, un art que Villeglé avait mis de côté pendant des dizaines d’années. En effet, sa première œuvre (1947), Chaussée des corsaires (Saint-Malo) est une sculpture en fils d’acier qui pourrait bien avoir anticipé toute sa démarche à venir d’appropriation du réel. Dans les années 2000, l’artiste se rapproche à nouveau de ce moyen d’expression. « La sculpture est arrivée dans mon œuvre du fait des circonstances de de la vie, témoignait Villeglé en 2008. Bien entendu, à partir des années 80, beaucoup d’artistes se sont tournés vers la sculpture car les techniques nouvelles ont pu suppléer à leur manque d’éducation dans cette discipline. Cela me plaît de faire des sculptures, on n’a pas besoin de passer aux Beaux-Arts pour en faire. C’est la nique à toute l’éducation traditionnelle. »
À plus de 80 ans, Villeglé reste l’homme libre et réfractaire qu’il a toujours été. On le voit ainsi dans sa série des ¥ € $ de toutes tailles, symboliques de notre époque boursière-financière, dont un exemplaire trône au milieu du parc du château Catinat, tout près du Lieu d’art contemporain de Saint-Gratien. Car Villeglé, depuis toujours et encore plus depuis son invention d’un « alphabet socio-politique » vers 1969, a toujours joué avec les lettres finissant par inventer sa propre typographie ; une nouvelle écriture du monde que l’on retrouve dans l’exposition de ses alphabets en fonte. « L’artiste superpose les signes, analyse Carine Roma-Clément, commissaire de l’exposition, s’approprie des textes mais se positionne toujours du côté de l’image. En effet, le déchiffrage des textes et leur presque illisibilité sont une volonté de l’artiste, ils donnent tout son sens à son œuvre. C’est ce non-décryptage qui conditionne le passage du lecteur de texte au spectateur de l’œuvre. » Avec la sculpture des mots « art » et « star », cet artiste, figure majeure du Nouveau Réalisme dans les années 1960, se livre à d’autres expériences symboliques tandis qu’il fait subir à un abribus des assauts graphiques inaccoutumés. « Jacques Villeglé dessine dans l’espace », conclut Carine Roma-Clément.

Jean-Michel Masqué

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Infos pratiques

Du 5 avril au 23 juin 2012
Espace Jacques Villeglé
Lieu d’art contemporain, place François-Truffaut
Saint-Gratien (Val-d’Oise)
Entrée libre
Tél. 01 39 89 24 42
www.ville-saintgratien.fr