Vous consultez une archive !

Lucia Laguna. Le piège du regard

« Jeune » artiste de la scène brésilienne contemporaine, c’est seulement après avoir pris sa retraite de professeur de langue et littérature portugaise et latine, que Lucia Laguna (née en 1941) a commencé sa carrière artistique en suivant une formation à l’École de Beaux-Arts de Rio de Janeiro. Depuis sa première exposition personnelle, en 1998, l’artiste qui vit et travaille à Rio de Janeiro s’est fait un nom. Son œuvre est présente dans les collections publiques brésiliennes comme le Museu de Arte Moderna de Sao Paulo, le Museu Nacional de Brasilia ou le Museu de Arte Moderna de Rio de Janeiro, où elle a eu sa première exposition institutionnelle en 2016. À 77 ans, Lucia Laguna expose pour la première fois en France à la galerie Karsten Greve qui dévoile une vingtaine d’œuvres (grands et petits formats), entre peintures et collages, dont la plupart réalisées spécialement à cette occasion.

On s’attardera surtout sur ses grandes compositions. Lumineuses et colorées, abstraites et figuratives, issues d’une stratification complexe de couches de peinture acrylique et à l’huile (jusqu’à quarante couches) et de collages, elles nous plongent dans un univers chaotique, saturé de formes végétales tropicales, de morceaux d’architectures, de fragments de mobilier urbain, qui entre construction et déconstruction envahissent l’espace. Des « paysages » vus par la fenêtre, mais sans perspective, sans horizon, comme reliés à l’espace intime de l’atelier par un invisible cordon ombilical.

Une peinture empirique, singulière par son langage formel (une mosaïque d’éléments fractionnés et d’aplats rarement laissés vides), et collaborative. Car Lucia Laguna ne travaille pas seule. Trois assistants, de jeunes artistes issus des favelas, l’aident à réaliser les fonds sur lesquels elle va se confronter, et participent à la réflexion sur le thème de chaque toile et son ancrage dans la réalité quotidienne. « Rien n’échappe au piège du regard » souligne Lucia Laguna, qui croit « que la peinture peut sauver le temps du regard qui a été perdu dans le chaos des images qui bombardent les villes ». Étonnant paradoxe d’une peinture qui accroche notre regard en quête de repères dans cette explosion de motifs, qui subsistent longtemps dans notre mémoire visuelle.

Catherine Rigollet

Visuel : Portrait de Lucia Laguna. Lucia Laguna, Paisagem # 107, 2018. Acrylique et huile sur toile, 170 x 210 cm. Courtesy galerie Karsten Greve. Lucia Laguna, Estudio n/52, 2018. 180 x 140,5 x 4,5 cm. Acrylique et huile sur toile. Photo L’Agora des Arts.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 13 octobre 2018 au 12 janvier 2019
Galerie Karsten Greve
5, rue Debelleyme – 75003
De 10h à 19h, du mardi au samedi
Entrée libre
Tél. 01 42 77 19 37
https://galerie-karsten-greve.com/fr