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Markus Lüpertz. Une rétrospective

L’œuvre de Markus Lüpertz est un questionnement permanent de l’art et du rôle de la peinture, cette « lumière, emphatique et absolutiste, en lutte contre un aveuglement qui gagne le monde entier ». La rétrospective que lui consacre le musée d’art moderne de la Ville de Paris réunit quelque cent quarante peintures et sculptures.

Référence à la mythologie grecque, à l’Afrique, à Poussin, à Goya, à Corot, à l’Expressionnisme, au figuratif et à l’abstraction, faisant dialoguer sculpture et peinture…l’œuvre de Markus Lüpertz (né en 1941 à Liberec (aujourd’hui en République tchèque) est un questionnement permanent de l’art et du rôle de la peinture, cette « lumière, emphatique et absolutiste, en lutte contre un aveuglement qui gagne le monde entier », dit-il. Son œuvre est aussi un questionnement de la position du peintre dans la société qui est « en matière de culture, la conscience morale de son époque ». Dès la fin des années 1960, Markus Lüpertz a multiplié dans de grands tableaux les références à l’histoire contemporaine avec ses « Motifs allemands » dont les casques, traités toutefois avec une volonté de distanciation, associés à des motifs « idéologiquement amorphes », tels que moules à gâteau, instruments de musique ou escargot. D’autres représentations de la guerre, plus sombres, plus violentes et explicites cette fois, ont été peintes en 1992, allusions au retour des conflits en Europe et au Proche-Orient (Exécution).
Dans un parcours chronologique, présenté à rebours, quelque cent quarante œuvres retracent la carrière de cet artiste internationalement reconnu, et dont le musée d’art moderne de la Ville de Paris peut s’enorgueillir de posséder une trentaine d’œuvres, grâce au don exceptionnel fait en 2012 par le marchand et collectionneur Michael Werner qui a notamment soutenu des artistes allemands de l’après-guerre comme Markus Lüpertz, mais aussi Jörg Immendorf, A.R. Penck et Georg Baselitz.

On entre donc dans l’exposition par la vision de l’Arcadie peinte et sculptée par Lüpertz entre 2013 et 2015. Une Arcadie loin des traditionnelles représentations bucoliques et heureuses, mais constituée de corps fragmentés, de casques d’acier, de coquilles et de têtes de mort, des motifs grossis parfois exagérément, aux formes simplifiées jusque dans l’abstraction et que l’on retrouvera de manière assez récurrente dans le vocabulaire de l’artiste en remontant les années.

Cette imposante rétrospective se referme sur les « Peintures dithyrambiques » des années 1963-1976 dans lesquelles chaque motif est poussé vers sa monumentalité, se détachant de fonds peints avec de grands aplats de couleur, comme des objets publicitaires.

On est face à l’œuvre d’un hercule de la peinture à l’élégance surannée d’un dandy du XIXe (costume trois pièces et épingle à cravate, barbe en pointe et canne à pommeau), qui en impose par la monumentalité de ses formats, la puissance de son geste, la vitalité de ses couleurs, l’âpreté de son propos sur le monde que chacun peut toutefois lire à sa façon. Car pour Lüpertz « la peinture est aveugle ; elle ne vit qu’à travers le regard des spectateurs ».

Catherine Rigollet

Visuel page expo : Markus Lüpertz, Sans titre, 2013. ©Galerie Michael Werner Cologne, Märkisch Wilmersdorf & New York / Jochen Littkemann, Berlin. ©Adagp,Paris 2015.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 17 avril au 19 juillet 2015
Musée d’art moderne de la Ville de Paris
11, avenue du Président Wilson – 75116
Du mardi au dimanche, de 10h à 18h
Nocturne le jeudi, de 18h à 22h
Plein tarif : 10€
Tél. 01 53 67 40 00
www.mam.paris.fr