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Meiji. Splendeurs du Japon impérial (1868-1912)

Parmi les très nombreuses expositions proposées dans le cadre de la saison culturelle « Japonismes 2018 : les âmes en résonance » (dont Tadao Ando, Ito Jakuchu et bientôt Foujita), le musée Guimet nous emmène à l’ère Meiji (1868-1912), L’occasion de se plonger dans cette période qui fut une révolution sans précédent pour le Japon comme pour le Monde, tout en admirant plus de 350 œuvres issues des collections du musée Guimet, de la BnF, du musée d’Orsay, du Victoria & Albert Museum, du British Museum, et surtout de la Khalili Collection of Japanese Art à Londres.

Nous sommes en 1868, les beaux-arts explosent au Japon depuis l’avènement de l’ère Meiji (« politique de la lumière »), nom désignant le règne de l’empereur Mutsuhito (1852-1912). Dès son installation sur le trône, succédant à un gouvernement militaire isolationniste, Meiji établit un système impérial et s’inspire de l’Occident, des institutions jusqu’au costume. La capitale impériale Kyōto est transférée à Edo, ancienne résidence des shōguns, renommée Tōkyō, la « Capitale de l’Est ». Le Japon, tout en se militarisant pour faire face à la montée vers la guerre (Corée, Chine, Russie), s’ouvre à l’ensemble du monde et s’industrialise, favorisant la croissance économique et la création artistique. Pour les artistes japonais et les artisans de la cour impériale, pas de révolution cependant, mais un habile retour aux sources motivé par une adaptation au goût d’un marché tant intérieur, avide de nouveautés, qu’extérieur, en plein essor.

Boites en laque rouge ou or, éléphant caparaçonné d’or et d’argent portant un joyau, tableau en soie brodée, cabinet et ses tiroirs secrets en bronze incrusté, paravent en émaux cloisonné, brûle-parfum en forme d’oiseau sortant d’un œuf, d’autres en forme de balbuzard ou de faucon, jarres à thé et vases en porcelaine ou grès polychrome, peintures sur soie, tableau en porcelaine, estampes…chaque vitrine recèle une pièce précieuse ou fascinante.
Les techniques traditionnelles font toujours recette (laque vannerie, céramique) complétées de nouvelles comme le travail de l’émail cloisonné. L’iconographie traditionnelle persiste (scènes de la vie quotidienne, flore et faune), à laquelle s’ajoutent des représentations inspirées par le bouddhisme (importé) toujours très ancré, et le shintoïsme, religion considérée « autochtone » et déclarée religion nationale (jusqu’en 1945). Beaucoup de temples bouddhiques sont détruits par les fervents shintoïstes de l’époque. Emile Guimet, qui voyage dans le pays entre 1876 et 1877, rapportera des quantités de statues en France ; les temples bouddhistes préférant les lui donner plutôt que de les laisser détruire.

L’exposition qui a ouvert sur une présentation de l’empire Meiji avec son imagerie impériale propagandiste véhiculée par des photographies illustrant l’industrialisation et la modernisation urbaine, se referme sur le Japonisme occidental issu de la passion pour l’art japonais, qui influença en retour les artistes japonais qui créèrent des œuvres « japonisantes » !

Catherine Rigollet

Visuels : Paire de vases ornées d’oies sauvages. Commande de la Maison impériale. Tsukada Shukyo (1848-1914). Emaux cloisonnés, argent, or. Japon, vers 1910. H. 34,7 cm. Londres, collection Khalili.
Shoami Katsuyoshi (vers 1832-1908), Eléphant caparaçonné portant un joyau, Japon vers 1890. Or, argent, Shakudo (alliage de cuivre et d’or), shibuishi (alliage de cuivre et d’argent). Londres, collection Khalili.
Souris mangeant une tête de poisson. Page d’album Dessins pour le plaisir. Kawanabe Kyôsai (1831-1889). Estampe nishike-e. Japon, 1881. 21,1 x 27,2 cm. Paris, MNAAG. © RMN-GP (MNAAG, Paris) / Harry Bréjat.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 17 octobre 2018 au 14 janvier 2019
Musée Guimet
6, place d’Iéna 75116
Tous les jours, sauf mardi, de 10h à 18h
Tarif plein : 11,50 €
Accès gratuit premier dimanche du mois
Tél. 01 56 52 53 00
www.guimet.fr

 


 Catalogue : sous la direction de Sophie Makariou et Nasser D. Khalili. Coédition MNAAG / Lienart. 224 pages, 230 illustrations. 35 €.