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My Joburg

Johannesburg, couramment appelée « Jobourg » par ses habitants, porte encore les stigmates de l’apartheid et continue de se chercher au travers des bouleversements historiques, sociaux, économiques qu’a connus le pays depuis la fin du régime raciste en 1994. Dans cette mégalopole tentaculaire de 6 millions d’habitants avec ses townships environnants dont le plus connu, Soweto, compte à lui seul presque 2,5 millions d’habitants, une communauté artistique féconde, rassemblant peintres, photographes, vidéastes et plasticiens, s’est développée, soutenue par un réseau de galeries, d’institutions publiques et de foires, comme la Joburg Art Fair, foire d’art contemporain annuelle. Dans leur travail, ils décrivent une ville de contrastes, en pleine mutation, chargée d’histoire sociale, politique, urbaine.
Le projet de l’exposition My Joburg, montée par Antoine de Galbert et Paula Aisemberg, est de tenter d’en capter certaines facettes en présentant, de façon non exhaustive, les œuvres souvent percutantes d’une cinquantaine d’artistes de tous horizons et de toutes générations, souvent engagés, voire militants. Certains sont reconnus internationalement comme Jane Alexander qui illustre de manière carcérale l’insécurité et la ségrégation raciale avec Security, installation de barbelés, rasoirs et machettes encerclant un mini champ de blé desséché. William Kentridge qui s’est fait connaître dans les années 1990 grâce à ses films d’animation dénonçant l’absurdité de l’apartheid. David Goldblatt, dont les photographies témoignent de la vie quotidienne en Afrique du Sud et qui a fondé Market Photo Workshop en 1989, une école de photographie qui a permis à des noirs d’avoir accès au domaine artistique. Une carte blanche leur est donnée dans l’exposition My Joburg qui met particulièrement l’accent sur une jeune génération de plasticiens encore largement méconnue en France. Winston Luthuli qui accueille le visiteur à Maison Rouge avec son monumental ange de la paix, les bras ouverts. La jeune Akhona Kenqu qui a photographié « son Soweto » sous toutes les facettes pour en capturer tous les aspects positifs. Ou encore Mary Sibande qui évoque dans l’installation Wish you were here (voir visuel) la place sociale de sa mère et de sa grand-mère, domestiques durant l’apartheid.
L’image d’ensemble que livrent tous ces artistes révèle une ville 100 000 volts, bourrée d’énergie et de créativité, mais où la violence et la misère dominent toujours largement, renvoyant la Johannesburg des résidences gardées, des quartiers branchés, des restaurants et des gigantesques galeries marchandes à un ghetto occidental doré, cerné par l’injustice sociale qui perdure dans les townships.

Catherine Rigollet

Mary Sibande, Wish you were here, 2010. Photo L’Agora des Arts.
Visuel vignette : Simon Gush, Prayer (16 12 1926) en collaboration avec Lea Lagasse, 2011.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

My Joburg
Du 20 juin au 22 septembre 2013
Maison Rouge. Fondation Antoine de Galbert
10, Bd de la Bastille 75011 Paris
Du mercredi au dimanche, de 11h à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Tarif plein : 8€
www.lamaisonrouge.org