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Or - Un voyage dans l’histoire de l’art au fil de l’or

L’or brille à profusion dans cette exposition qui, avec 600 œuvres, juxtapose art contemporain (43 artistes) et objets archéologiques, religieux ou ethnologiques des civilisations euro-méditerranéennes depuis 3 000 ans. Une profusion bien illustrée, dès l’entrée, par le polyptyque monumental de Gilles Barbier, The Treasure Room, 2012, figurant un trésor rêvé qui pourrait disparaitre si l’on s’avisait d’effacer les pigments fragiles de la gouache sur le papier.

Fièvre de l’or, ruée vers l’or, par des hommes, en quête de richesse, de beauté, de puissance, voire même de spirituel ! Le parcours explore la polysémie de ce métal en quelques sections thématiques suffisamment vastes pour que puissent cohabiter œuvres anciennes, à la technicité impeccable, et œuvres contemporaines. Saluons au passage Sebastiao Salgado pour ses photos en noir et blanc, Sierra Pelada, Mine d’or (1986), qui nous rappellent que l’extraction du métal « a-doré » apporte son lot de violences et de souffrances.

Dans la première section, “L’or est un trésor”, on trouve une affiche de 1972 pour les chocolats Nestlé, des bijoux roumains datant de plusieurs siècles avant J.C., mais aussi la boîte de conserve, Merde d’artiste de Piero Manzoni, qui faute d’être de l’or, en vaut beaucoup trop ! “Plasticité de l’or” nous offre un pouce monumental de César, une gigantesque exuvie de Stéphanie Saadé, des colliers de la Mer Noire des premiers siècles de notre ère, et un moulage des mains d’Edith Piaf par Bebko. Une statuette de Ptah côtoie L’Oiseau d’Or (1924) de Zadkine, des reliquaires et d’innombrables bijoux d’Iran, d’Irak, de Turquie, ainsi que des robes miniatures et des flacons de Dior (sponsor de l’exposition) dont l’esthétique se plie fort bien au thème de l’exposition, dans la section “Symboliques”. S’y trouve aussi une sculpture qui concentre tous les regards : The Damned, 2004, de Liza Lou, figure un Adam et une Eve, plus grands que nature, chassés du paradis, leurs muscles (des bodybuilders ont servi de modèle) gonflant leur épiderme de perles de verre. Un thème inspiré d’une fresque réaliste de Masaccio en 1425.

Un projet émouvant de gethan & myles s’égrène au fil des cimaises : le binôme artistique anglais a acheté, au poids, des bijoux, petits, humbles souvent, mis au clou à Marseille. Grâce au Crédit Municipal, les artistes ont retrouvé leurs propriétaires et entendu l’histoire de ces bijoux, que l’on peut lire sur les cartels. Les artistes redonneront ensuite ces bijoux à ceux qui les avaient gagés.

On passe ainsi constamment de l’ancien au contemporain, et dans ce melting pot de superbes objets d’or ou dorés, déconcertant par sa diversité et son ampleur, on ne peut que conclure que l’or embellit tout objet (comme l’aurait prouvé America, 2016 de Maurizio Cattelan, mais ces toilettes en or massif sont absentes de l’exposition) et peut ennoblir tout homme autant qu’il peut en faire un être cupide et avide de puissance.
Une riche exposition.

Elisabeth Hopkins

Visuels : Lingot en forme de disque plat © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) F Raux.
Masque Osiris végétant © Ville de Marseille Dist. RMN-Grand Palais David Giancatarina.
Louise Bourgeois, Nature Study © The Easton Foundation Adagp Paris 2018 © RMN Gd Palais Sèvres G Jonca.
Sebastiao Salgado, Serra pelada Brésil mine or, 1986 © Sebastiao Salgado.

Archives expo en France

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 24 avril au 10 septembre 2018
Mucem, Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée
7 promenade Robert Laffont (esplanade du J4)
13002 Marseille
Ouvert tous les jours, sauf le mardi
Du 2 mai au 4 novembre, 11h à 19h
(ouverture à 10h, du 7 juillet au 2 septembre)
Entrée : 9,50 euros
www.mucem.org
11h—19h