Parc-musée de la mine Couriot

Classé Monument Historique avec ses deux crassiers (terrils), « les deux mamelles de Saint-Étienne », le puits Couriot est un ensemble patrimonial exceptionnel à deux pas du centre-ville ; un emblème de la ville au même titre que la Cité du design installée dans l’ancienne Manufacture nationale d’armes ou que le stade Geoffroy-Guichard.

Longue histoire et longue résurrection que celle de ce dernier grand témoin de l’aventure minière du bassin stéphanois avec son chevalement métallique datant du début du XXe siècle. Mis en service fin 1919 par la société des Mines de la Loire, le puits Couriot a longtemps été le puits le plus puissant du bassin, remontant 900 000 tonnes de charbon par an (le quart de la production du bassin) et faisant travailler plus de 1000 mineurs à la fin des années 1930. Suite à la fermeture du puits en 1973, le site est en partie déconstruit, puis laissé à l’abandon avant qu’un musée de la mine n’y soit installé en 1991, avec une galerie reconstituée avec l’aide des anciens mineurs et des salles évoquant la vie des hommes et les techniques minières.

Depuis le 3 décembre 2014, le musée s’est agrandi de trois nouveaux espaces racontant la grande aventure de Couriot héritière de six siècles d’exploitation minière et la figure des Gueules noires, ouvriers exposés à de très dures conditions de travail, avec des salaires de misère et à la merci de coups de grisou ou d’éboulements. Sous l’égide de Philippe Peyre, directeur du musée, la création de ces nouveaux espaces, mais aussi la restauration d’une partie des bâtiments classés Monuments Historiques, ainsi que l’aménagement des 8,5 hectares de parc environnant ont été confiés à l’équipe d’architectes Gautier + Conquet, associée au paysagiste Michel Corajoud. Pour mieux faire revivre le passé et garder l’âme des lieux, ils ont eu la bonne idée de ne pas toucher aux architectures, comme l’ancienne grande chaufferie et la lampisterie, mais d’y poser à l’intérieur des galeries en bois massif sombres meublées de vitrines et de lutrins lumineux. Dans cette scénographie sobres, très réussie, de nombreux objets, affiches, grand plan-relief du bassin minier (présenté à l’Exposition universelle de 1889), maquettes, mur audiovisuel et petit théâtre animé enrichissent ce parcours qui se poursuit avec la visite de la salle des pendus (restée dans son jus) dans laquelle les mineurs mettaient à sécher leurs vêtements et le long couloir des douches collectives où chaque mineur frottait le dos de son voisin. La visite continue à l’extérieur avec de nouvelles salles de machines ouvertes à la visite : l’atelier des locomotives électriques et la salle des compresseurs. La galerie souterraine reconstituée reste le temps fort de la découverte de Couriot. On y accède, en haut du chevalement, par un ascenseur qui a aujourd’hui remplacé les deux cages qui servaient à faire descendre les mineurs jusqu’à plus de 700 mètres sous terre et au charbon de remonter. À pied, ou en petit train, dans une semi-pénombre, on remonte dans le temps, de 1973 jusqu’au 19e siècle, croisant des silhouettes d’hommes au travail, torses nus (la chaleur au fond montait à 32°), creusant dans les veines du « diamant noir », étayant les galeries, poussant des wagonnets, veillant à la flamme de leur petite lampe. La visite s’achève par la découverte de l’écurie où jusque dans les années 1920, les chevaux qui travaillaient au fond étaient regroupés le soir.

Catherine Rigollet

P.S : un conseil, l’hiver, couvrez-vous ! À part les salles d’exposition, les bâtiments ne sont pas chauffés et le parcours se fait beaucoup en extérieur et dans le parc.

Infos pratiques

Parc-musée de la mine
3, Boulevard Franchet d’esperey
42000 Saint-Étienne
Tous les jours, sauf lundi matin
Visite guidée site + galerie reconstituée : tarifs 8,50€/6,50€
Tél. 04 77 43 83 23
https://musee-mine.saint-etienne.fr/


Visuels : Chevalement de nuit © Pierre Grasset/Ville de Saint-Étienne. Mine Vue Chevalement_©Florian-Kleinefenn. Salle des pendus (Grand lavabo) ©L’Agora des Arts. Couloir des douches ©L’Agora des Arts. Vue salle d’exposition ©L’Agora des Arts. Vue salle d’exposition ©Florian-Kleinefenn. Galerie8-©-Florian-Kleinefenn