Écrivain, photographe et réalisateur, Raymond Depardon est surtout connu pour ses reportages au plus près des territoires et du quotidien des habitants, tel celui sur La France des régions, présenté à la BnF en 2010, pour montrer cette France que l’on voit, mais que l’on ne regarde pas. Cette exposition d’une centaine de tirages, textes, films et documents de l’auteur, embrasse près de soixante années de photographies, depuis ses premières images à la ferme familiale du Garet (Villefranche-sur-Saône) au documentaire d’auteur, en passant par les planques de célébrités et les reportages pour la presse.
On y constate que le retour à la terre natale est constant pour ce photographe (de l’Agence Gamma puis de Magnum), qu’il s’agisse de Villefranche-sur-Saône (Ferme du Garet, la chambre des parents, avec en médaillon Raymond et son frère Jean bébés, 1984) ou de Paris, sa ville d’adoption. Des lieux d’ancrage entre ses multiples voyages autour du monde (en Afrique, aux USA, en Amérique du Sud…).
On y découvre ses thèmes de prédilection : le monde paysan (il réalisera trois films sur le monde rural français), les grands espaces et la solitude des villes. On comprend que l’écriture et le cinéma sont pour lui aussi importants que la photographie. L’écriture, pour l’écoute de soi, le cinéma, pour l’écoute de l’autre.
Cette traversée dans l’œuvre (en noir et blanc et en couleurs) de Depardon révèle un homme toujours à la recherche de la bonne distance vis-à-vis de son sujet, surtout lorsqu’il est humain, privilégiant des images souvent un peu banales, sans éloquence particulière, mais chargées de sentiment, de mélancolie aussi. Un Depardon intime à retrouver dans un lieu à la même échelle : la Fondation Henri-Cartier-Bresson.
C.R