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Rembrandt intime

Cette courte mais riche incursion dans la peinture, la gravure et le dessin de Rembrandt (1606-1669) est balisée par deux versions du repas d’Emmaüs. Le Repas des Pèlerins d’Emmaüs (c. 1629), œuvre de jeunesse et de petite taille, fait la part belle à un « chiaroscuro » audacieux et exsude, au delà du réalisme de la scène, une vraie spiritualité. Le deuxième, Repas des Pèlerins d’Emmaüs (1648), peint sur acajou, est de facture plus classique mais traduit avec sensibilité les émotions des pèlerins en présence de celui qu’ils croyaient mort.

Les commissaires ont placé les trois œuvres du maître acquises par Nélie Jacquemart et Edouard André – le premier Repas, déjà cité, Portrait de la princesse Amalia van Solms (1932) et Portrait du Docteur Arnold Tholinx (1656) – au sein d’œuvres qui leur sont contemporaines et illustrent, elles aussi, les diverses facettes du processus créatif de Rembrandt. Autour du premier Repas, des œuvres où l’attitude du personnage et l’éclairage de la scène contribuent à en illustrer la psychologie. Autour du Portrait de la princesse, œuvre de commande qui ne flatte pas le modèle, les portraits des années amstellodamoises. Rembrandt déploie sa virtuosité dans des portraits de notables, des figures bibliques et des portraits d’imagination, dans lesquels on peut compter Portrait de l’artiste en costume oriental (c. 1631), un parmi la centaine d’autoportraits qui parsèment son œuvre.

Dans les années 1650, Rembrandt subit les assauts de la vie : il évite de justesse la faillite, perd Hendrickje, la femme qui l’avait accompagné depuis la mort de sa femme Saskia, puis son fils Titus. Il embrasse alors un nouveau style, plus libre, plus chaud, plus vivant, au coup de pinceau plus enlevé, comme en témoignent Portrait d’Hendrickje Stoffels (c. 1652-56) et Titus lisant (1656), ainsi que le portrait du bon docteur de la collection du musée.

L’exposition fait une large place aux œuvres sur papier : œuvres intimes, dessinées librement, vivants, avec des détails surprenants de minutie, les dessins sont pour le Hollandais une pratique quotidienne de préparation à la gravure ou à la peinture. On s’arrêtera sur L’Adoration d’un des trois rois mages (c. 1636) à l’encre brune, d’une simplicité biblique, c’est le cas de le dire, loin des foules, des ors et de la somptuosité habituelle des représentations picturales de cette scène néotestamentaire. Quant aux gravures, Rembrandt s’y montre une fois encore d’une virtuosité sans égale. Et comme pour ses peintures, à la fin de sa vie, son style s’y montrera plus souple, sans cesser de jouer sur la lumière et les formes.

Il faudra probablement braver les foules qui se presseront dans les petites salles pour voir ces œuvres, mais le jeu en vaut la chandelle.

Elisabeth Hopkins

 Catalogue, 192 pages, 32€.
 Application pour Smartphones, avec explications d’environ 25 œuvres, 1,99€.

Visuels : Rembrandt (1606-1669), Le Repas des pèlerins d’Emmaüs - Vers 1629 - Huile sur papier marouflé sur bois - 37,4 x 42,3 cm. Paris, Musée Jacquemart-André – Institut de France © Paris, musée Jacquemart-André - Institut de France / Studio Sébert Photographes.
Rembrandt (1606-1669), Flore, 1634. Huile sur toile - 125 x 101 cm. Saint-Pétersbourg, Musée de l’Ermitage - Photograph © The State Hermitage Museum /Vladimir Terebenin.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 16 septembre 2016 au 23 janvier 2017
Musée Jacquemart-André
158, boulevard Haussmann - 75008 Paris
Ouvert tous les jours de 10h à 18h
Nocturne le lundi jusqu’à 20h30
Plein tarif : 13€
www.musee-jacquemart-andre.com