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Ricciotti. Tricoteur du béton

Architecte du MuCEM, ce musée de civilisations pour l’Europe et la Méditerranée qui ouvrira ses portes en juin 2013 à Marseille, Rudy Ricciotti bénéficie d’une belle actualité doublée d’une grande rétrospective à la Cité de l’architecture et du patrimoine. Grand Prix national d’architecture en 2006, on doit aussi à cet adepte du béton et de la minéralité : le Stadium de Vitrolles (1990-1994) et le Pavillon noir, centre chorégraphique national à Aix-en-Provence (1999-2004), des bâtiments qui lui permirent d’expérimenter la question de la peau et de l’ossature d’une architecture, avec une audace technique dont il est fier et une élégance qui réside beaucoup dans son art de la découpe. Celle du béton blanc en de multiples tentacules du musée Cocteau terminé en 2012, celle de la résille de béton fibré du MuCEM, un maillage devenu la marque de fabrique de Ricciotti, utilisé dans deux récents bâtiments : le nouveau stade Jean Bouin à Paris et la verrière façon tapis volant persan couvrant le département des Arts de l’Islam au Louvre.

Figure atypique de l’architecture, homme volontiers polémiste, mais loin de toute posture, Rudy Ricciotti revendique une « esthétique de la pauvreté », mais rejette la pauvreté esthétique du minimaliste, aime l’ornement et se qualifie même de « maniériste », voire de réactionnaire. Cet ingénieur, formé à l’école d’ingénieurs de Genève, puis à l’école d’architecture de Marseille, reconnaît humblement avoir tout appris des hommes du bâtiment. Il dévoile son art de constructeur jouant avec les limites de la technique, attentif à l’intégration de ses architectures dans l’environnement comme le musée Cocteau de Menton, dont la blancheur dialogue avec le sable et la lumière du Sud, les piliers évoquant l’architecture à arcades chère à ce Méditerranéen né le 22 août 1952 à Alger et qui vit à Bandol, ou encore le MuCEM, posé à l’entrée du port de Marseille. D’où qu’on le regarde, depuis la mer ou de l’autre côté du port, au pied du Pharo, ce vaste parallélépipède ne cache la vue ni sur la ville, ni sur la cathédrale de la major. Sa façade façon moucharabieh signe son lien avec l’Orient très proche et la longue et fine passerelle qui le relie au Fort Saint-Jean constitue le cordon ombilical entre la modernité et le patrimoine. Avec sa voisine, la Villa méditerranée et son invraisemblable avancée en porte-à-faux de 40 mètres, autre geste architectural (très controversé, notamment pour plagiat) de l’italien Stefano Boeri et qui a pour fonction d’accueillir conférences, concerts, performances, danse, cinéma, théâtre, le MuCEM a déplacé le centre culturel névralgique de Marseille à l’entrée du port, face à la Méditerranée.

Trente projets de Rudy Ricciotti sont présentés à la Cité de l’architecture et du patrimoine, qu’ils soient construits (Stadium de Vitrolles, Philharmonie Nikolaïsaal, Potsdam, Les Grands Moulins de Paris, université́ Paris VII-D.-Diderot, passerelle de la Paix à Séoul, pont du Diable à Gignac…), en cours d’achèvement comme le stade Jean-Bouin à Paris, ou qu’il s’agisse de projets de concours majeurs (musée du Quai Branly, musée du Louvre-Lens). Une rétrospective qui constitue un récit picaresque à l’image de cet architecte aventurier.

Catherine Rigollet

Visuel page expo : Stade Jean-Bouin, Paris (2007-2013) © Olivier Amsellem et MuCEM, Marseille 2013 ©Lisa Ricciotti
Visuels page d’accueil : MuCEM vue d’ensemble et passerelle ©Lisa Ricciotti - Musée Cocteau à Menton, Photo Olivier Amsel © Rudy Ricciotti - Le Pavillon noir, Centre chorégraphique national, Aix-en-Provence (1999-2004) © Philippe Ruault

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Ricciotti. Architecte
Du 10 avril au 8 septembre 2013
Cité de l’Architecture et du patrimoine
1 place du Trocadéro - 75016 Paris
Tous les jours, sauf mardi, 11h à 19h
Nocturne le jeudi de 11h à 21h
Plein tarif : 5 €
Tél. : 01 58 51 52 00
www.citechaillot.fr
en savoir plus :
www.rudyricciotti.com