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SEPIK. Arts de Papouasie-Nouvelle-Guinée

Traversant le nord de la Papouasie-Nouvelle-Guinée sur plus de 1 126 kilomètres, alimenté de nombreux affluents et irriguant une large vallée, le Sepik, à l’instar du Nil, est un fleuve nourricier et la principale voie de circulation pour les populations qui se sont installées sur ses berges marécageuses, depuis le premier millénaire avant notre ère. Source de vie, la fertile vallée du Sepik est aussi propice à l’imaginaire et à donné naissance à une culture riche en peintures, sculptures et gravures inspirées de toutes les formes végétales et animales, dont le crocodile. Animal mythique, souvent considéré comme l’incarnation des ancêtres, sa chasse est un événement exceptionnel.

Une grande et fascinante exposition, présentée au musée du Quai Branly, évoque la vie et l’art des populations vivant au bord de ce fleuve et qui, liées par les réseaux d’échanges de biens et d’idées, partagent les mêmes traits culturels. Notamment ceux d’une société construite avec une séparation très nette des sphères masculine et féminine. Si dans le village, les maisons familiales ou maisons des femmes sont le lieu des activités quotidiennes où tous, hommes et femmes peuvent pénétrer, les hommes ont « leurs maisons », à la fois lieu d’initiation, de pouvoir et d’affaires, accessibles à eux seuls. Elles sont majestueuses, leurs poteaux supportant le toit et le plancher surélevé pour se protéger des crues du fleuve, très richement sculptés pour symboliser la puissance de la maison. C’est là aussi que les hommes confectionnent et parent d’images ou de signes les objets servant aux rituels : masques (étonnant masque awan en forme de poisson), sculptures de figures masculines, pupitres d’orateurs (une pièce rare), parures, panneaux de plumes utilisés dans les danses funéraires et instruments de musique que seuls les hommes initiés ont le droit de jouer car c’est la voix des ancêtres. Arrêtez-vous un instant dans la salle qui diffuse le son des longues flûtes, des guimbardes, des tambours à fente et tambours à eau.

Qu’ils appartiennent au quotidien ou apparaissent lors des cérémonies, les objets Sepik (vanneries, sacs en fibres, nasses, poteries…) présentent souvent des motifs complexes et admirables. Les plus étonnants sont les « crochets » qui servent à suspendre toutes sortes de choses : nourriture, biens précieux, des crânes humains aussi du temps où les populations se faisaient régulièrement la guerre et ramenaient des têtes en guise de trophées. Ces crochets sont omniprésents dans les villages, petits ou monumentaux, on en trouve de tous les styles, parfois surprenants comme ces crochet à figure féminine aux jambes écartées.

Riche de plus de 230 objets issus des collections de 18 musées européens complétés par un film documentaire et des photographies, l’exposition Sepik, Arts de Papouasie-Nouvelle-Guinée séduit autant qu’elle interroge sur le sens des représentations artistiques et mythologiques. Et nombreuses sont les pièces extraordinaires et captivantes, à commencer par les deux immenses pirogues sculptées qui accueillent le visiteur, l’invitant à embarquer pour découvrir l’art Sepik qui fascina les artistes, et surtout les surréalistes parmi lesquels André Breton et Paul Eluard qui y trouvèrent un univers symbolique proche du leur.

Catherine Rigollet

Visuels page expo : Figurine, milieu du 20e siècle. Bois, pigments, coquillages, fibres végétales. 24,5 x 10 x 10 cm, 445 g. East Sepik (province). Ce type de statuette figurait un ancêtre de clan. Elle pouvait être conservée à l’intérieur de la « maison des hommes ». © musée du quai Branly, photo Thierry Ollivier, Michel Urtado.
Crochet à figure féminine aux jambes écartées. Bois, os, cheveux, fibres, pigments blanc, noir, ocre rouge et jaune, 67 × 277 cm, village d’Angriman [Raja]. Groupe linguistique iatmul. Don du capitaine Friedrich Haug le 12 novembre 1909. © Linden-Museum Stuttgart, photo Ursula Didoni.
Figure masculine. Village de Yamök. Groupe linguistique sawos. Bois, fibres, cône, peau de chauve-souris, pigments blanc, noir et ocre rouge, 218 × 32 × 60 cm. Collectée le 15 juin 1959 par Alfred Bühler. © Bâle, Museumder Kulturen, photo Claude Germain.
Visuels page d’accueil : Peinture. Pédoncule de palme, armature de rotin, pigments ocre, blanc et noir, 180 x 84 x 9 cm. East Sepik (province). Océanie © musée du quai Branly, photo Claude Germain

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 27 octobre 2015 au 31 janvier 2016
Musée du Quai Branly
Galerie Jardin
Mardi, mercredi et dimanche de 11h à 19h
Jeudi, vendredi et samedi de 11h à 21h
Fermé le lundi
Plein tarif expo temporaire : 9€
Billet jumelé collections permanentes et expositions temporaires / tarif plein : 11€
Tél. 01 56 61 70 00
www.quaibranly.fr