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Sigmar Polke

Cela faisait près de douze ans qu’une grande exposition n’avait pas été consacrée à Sigmar Polke (1941-2010), en France. Tableau emblématique – et énigmatique, les Mains, que Sigmar Polke avait placé à l’entrée du Pavillon allemand à la Biennale de Venise de 1986 (où il obtint le Lion d’or), ouvre la rétrospective que lui consacre le musée de Grenoble. Représentant un groupe de personnages dissimulant leur visage derrière leurs mains, cette peinture en noir et blanc s’inspire d’une photographie dont Polke, comme à son habitude, reprend la trame en la grossissant. Du Pop Art à Fluxus en passant par l’art conceptuel, Sigmar Polke, passionné d’images superposées et interrogatives, a profondément renouvelé le langage pictural de la fin du XXe siècle et questionné les limites et le pouvoir de l’art. Né en Silésie (actuelle Pologne), avant de passer à l’Ouest avec sa famille en 1953, Polke reçoit une formation auprès d’un maître verrier, suit les cours de l’Académie des beaux-arts de Düsseldorf, dominée alors par la personnalité charismatique de Joseph Beuys et y rencontre Richter, avec lequel il fonde le « réalisme capitaliste », qui se voulait une critique du « réalisme socialiste » en vigueur dans les pays du bloc communiste et s’inscrivait dans la mouvance du pop art de Warhol. Peintre, graphiste, photographe, dans son œuvre assez inclassable Polke n’a eu de cesse d’expérimenter supports, techniques et matériaux, mélangeant térébenthine, alcool, méthanol, mais aussi noir de fumée, métaux ou cire à cacheter, aux laques les plus corrosives. N’hésitant pas à laisser couler des couleurs toxiques, à créer des taches (papillons genre test de Rorschach), à chauffer, poncer ou brûler.
Trois ans après la mort de Sigmar Polke, à l’âge de 69 ans, le musée de Grenoble présente de manière chronologique un important ensemble d’œuvres de l’artiste, réalisées durant les trois dernières décennies de sa vie. Essentiellement consacrée à la peinture, l’exposition compte quelque soixante-dix tableaux dans lesquels on retrouve ses recherches intenses sur la couleur, son regard acerbe sur l’histoire (la Révolution française, l’exposition sur l’art dégénéré...), son utilisation de l’abstraction pour s’échapper du trop plein d’images (dont la suite de sept tableaux abstraits intitulée Carrés Magiques). Elle montre aussi un des chefs-d’œuvre des années 1990 jamais exposé en France, les 4 monumentales peintures intitulées Hermès Trismégiste ; l’artiste qui a toujours montré son intérêt pour l’inconscient, les phénomènes paranormaux et les sciences occultes (Les Ciseaux, 1982), y renoue avec le thème de l’alchimie. À la fin de sa vie, continuant à utiliser le procédé de la trame photographique qu’il grossit, déforme et réinterprète, Sigmar Polke prélève dans les journaux et les livres des images qu’il intègre à ses compositions, bousculant la réalité, mixant passé et présent et mettant le visible en questionnement permanent.

Catherine Rigollet

Visuel : Sigmar Polke, Sans titre, 2001 : Technique mixte sur toile, 200x240cm Musée des beaux-arts, Nantes © Ville de Nantes – Musée des beaux-arts – Photographie : Cécile Clos © The Estate of Sigmar Polke/ADAGP.

Archives expo en France

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 9 novembre 2013 au 2 février 2014
Musée de Grenoble
5, place Lavalette - 38 000 Grenoble
Tél. 04 76 63 44 44
Tous les jours sauf le mardi, de 10h00 à 18h30
Plein tarif 8€
www.museedegrenoble.fr

 

 Une exposition Sigmar Polke se tient du 31 janvier au 4 mai 2014 aux Abattoirs à Toulouse.
 Une grande rétrospective Polke débutera en avril 2014 au MoMA de New York. Elle ira ensuite à la Tate à Londres et au Ludwig Museum à Cologne.