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Et pourtant ils créent !

Syrie : La foi dans l’art

La Syrie ? Des photos à la une de villes en ruines, d’enfants blessés, d’hommes masqués et armés, de femmes éplorées. La Syrie ? Des statistiques effrayantes : morts, blessés, déplacés, réfugiés. La Syrie ? La preuve de l’impuissance des individus et des institutions à stopper un conflit. La Syrie, théâtre de toutes les violences, de toutes les folies, de toutes les passions, de tous les sacrifices. Pour se forger une impression moins sombre, il faut visiter au plus vite l’Institut des Cultures d’Islam où une douzaine de plasticiens syriens, quelques uns exilés récents, exposent leurs œuvres (photos, peintures, vidéos), toutes créées après le début de la révolution. Témoignages en direct du conflit, ou regards tournés ailleurs sans être pour autant des dénis, les œuvres suscitent émotion et admiration. On découvre, entre autres, Akram Al Halabi, peintre et sculpteur, qui manipule presque jusqu’au flou des images insoutenables de la rébellion récoltées sur les réseaux sociaux, et leur surimpose des mots tout simples qui donnent la clé de ce que l’on finit par voir en s’immergeant dans l’œuvre. Muzaffar Salman, photographe pour Reuters, témoigne comment « au milieu d’une scène de guerre, ma lentille traque la beauté, prête à capturer les détails et les instants de grâce », comme ce jeune soldat qui, dans une maison dévastée, en profite pour se peser, armes comprises, sur une balance de salle de bains. Jaber Al Azmeh offre une série de photographies en noir et blanc où des intellectuels, des artistes posent, dans les premiers mois de la rébellion, avec une copie du journal syrien officiel, Al Ba’ath, sur lequel ils ont écrit une courte phrase personnelle. (Il faut connaitre l’arabe pour la déchiffrer). De Tammam Azzam, on connait Freedom Graffiti, une superposition digitale du Baiser de Klimt et de la façade d’un immeuble damascène en ruines que l’artiste avait lui même mis en ligne et qui s’est propagé comme un virus l’année dernière. L’image est dans l’exposition avec quelques autres où Azzam insère des personnages de la peinture occidentale dans des scènes de destruction. Rédemption par l’art ? L’art, arme pacifique contre la violence et l’indifférence ? Par l’art, le pays pourra-t-il commencer à se reconstruire ? Des questions pertinentes qui tracent la voie d’un optimisme réfléchi. Chapeau, les artistes !

Elisabeth Hopkins

Visuel page expo : Tammam Azzam. Série Musée Syrien- Graffiti de la liberté (le baiser de Gustav Klimt). 2014 Courtesy Galerie Ayyam. Impression sur papier coton.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 10 avril au 27 juillet 2014
Institut des Cultures d’Islam
ICI Goutte d’Or
56, rue Stephenson - Paris 18e
Du mardi au samedi, de 10h à 21h
Vendredi, de 16h à 21h
Dimanche, de 12h à 19h
Entrée libre
www.ici.paris.fr

 


 D’autres œuvres par d’autres artistes sont visibles non loin, à ICI Léon, 19 rue Léon, Paris 18e.