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The Majlis. Cultures in dialogue

Le musée est un palais contemporain aux formes traditionnelles, situé dans le désert du Qatar. Son fondateur, le Sheikh Faisal Bin Qassim Al Thani (cousin de l’émir qatari) y offre une collection éclectique de quelques 30 000 objets (voitures, tapis, armes, bijoux, bateaux, avions, objets d’art et de culte, etc…). À l’UNESCO, le Sheikh a partagé avec conviction sa foi en des musées promoteurs d’échanges entre les cultures et d’ouverture aux autres, tout en préservant l’héritage des nations (c’est ainsi qu’il sauvegarde des idoles préislamiques qui seraient détruites si elles tombaient dans des mains fanatiques). Pour mieux convaincre, il a sélectionné une cinquantaine de pièces exposées autour d’un majlis – lieu de vie et de discussion au cœur des maisons du Golfe arabique – provenant du monde entier et attestant de la symbiose entre les cultures et les religions au cours des siècles.

Chaque magnifique objet porte l’histoire de sa fabrication et de ses itinérances. Chaque objet est la preuve d’une globalisation existante et créative. Les tapis sont pendus comme des tapisseries, et chaque objet a droit à sa propre vitrine, avec un cartel très documenté. On peut admirer, entre autres : un rouleau coranique de quelques centimètres de large, copié et finement décoré à Jaipur pour les hadjis. Une main de fatma créée par les orfèvres juifs de Tanger au 19e siècle ; les lézards et aigle qui y figurent la distingue d’une main créée par un artisan musulman. Un Coran traduit en latin du 17e siècle, traduction soutenue par l’église catholique, qui s’intéresse à l’Islam au lendemain de la victoire à Vienne contre les Ottomans. Un tapis persan du 19e siècle rassemblant 51 “éminences”, dont Napoléon, Moïse, Confucius, Christophe Colomb et Alexandre le Grand. Un plat peint du 11e siècle où les Perses ont emprunté les techniques de fabrication de la porcelaine vernissée aux Chinois. Ou encore, une lampe de mosquée avec une calligraphie arabe, fabriquée en Autriche.

L’exposition, restreinte, offre une belle variété. Elle est porteuse d’un espoir, fol espoir de réconciliation entre peuples, générations et religions. On la verra par la suite à l’Institut du Monde Arabe où, en ce moment même, on montre comment les fanatiques s’attaquent à l’histoire, la culture et la beauté même. (/www.lagoradesarts.fr/-Cites-millenaires-Voyage-virtuel-de-Pa...). On n’aura donc aucune excuse pour ne pas la voir.

À savoir : Cette collection est différente de la collection de l’Emir du Qatar qui, aux termes d’un accord avec le Centre des Monuments nationaux, devrait être présentée au public de façon durable dans une galerie de l’Hôtel de la Marine, Place de la Concorde à Paris.

Elisabeth Hopkins

Visuel : Main de fatma créée par les orfèvres juifs de Tanger au 19e siècle.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 29 novembre au 14 décembre 2018
Siège de l’UNESCO,
7, Place Fontenoy - 75007
Entrée libre.
Du lundi au vendredi, 9h-18h
https://fr.unesco.org/