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Théâtre du Monde

Un immense cabinet de curiosités ou encore un véritable parcours initiatique, c’est l’impression qui se dégage de l’exposition qui se tient actuellement à La maison rouge, à Paris.
Pour cette dixième exposition de collection particulière, la fondation d’Antoine de Galbert a invité le collectionneur australien David Walsh, fondateur du MONA (Museum of Old and New Art) en Tasmanie et le Tasmanian Museum and Art Gallery (TMAG). L’idée de ce directeur de musée aussi excentrique que passionné est avant tout d’attirer le regard du spectateur pour l’amener à s’interroger devant les images tout à fait hétéroclites qui lui sont proposées.

Intitulée « Le théâtre du monde », l’accrochage se compose d’une enfilade de salles balisées selon des thèmes choisis et orchestrés par le commissaire de l’exposition Jean-Hubert Martin, grand historien d’art et ancien directeur du Centre Pompidou : « Apparition », « Domestiquer », « Maturation », « Croisement », « Civilité » etc. L’idée étant de faire se côtoyer, se fondre parfois, le « vieil » art et le « nouveau », des pièces contemporaines et d’autres complètement extra-occidentales.
On entre par un couloir tendu de feutrine noire pour être ébloui par une sorte d’icône égyptienne du début de notre ère, sur bois, surmontée de deux yeux surréalistes. Tout de suite après avoir survolé une vitrine fourmillant d’objets, c’est la voûte au-dessus de nos têtes qui nous happe par la magie d’impressionnants javelots, lances et massues décorés qui nous touchent droit au cœur. Et ainsi de suite, les salles s’enchaînent avec leur lot de surprises, de magnificence dans l’éclat de la création humaine. Ainsi la salle « Genèse », en fait un étroit recoin sombre, abrite une installation de bâtons rituels fortement éclairés par des projecteurs qui font surgir des ombres irréelles. Magique encore, l’installation de l’artiste lituanien Zilvinas Kempinas, O - Entre ventilateurs (2006), faite de presque rien : un bout de bande magnétique dansant entre le flux d’air de deux ventilateurs. Et c’est comme ça à chaque « station », des images qui surprennent, font sourire comme cette Bassine d’eau avec poissons rouges et couteau (1991-2011)de Kounellis (dont il faut changer régulièrement l’eau des poissons !), qui font horreur parfois, telle la vidéo d’une performance extrême et sanglante de l’artiste autrichien Hermann Nitsch, à la limite du soutenable.
Impossible de citer tous les artistes et toutes les formes d’expression exposées dans cette exposition sans cartels (un petit guide de visite est distribué à l’entrée). Au final, restent des moments d’intenses émotions et souvent d’émerveillement, comme devant l’apparente modestie et cependant grandiose beauté des tapas polynésiens et mélanésiens, toiles d’écorce d’arbre battue, teintées et colorées dont les figures géométriques et les tons aux infinies variations entrent en résonance éblouissante avec une Grande figure de 1947 de Giacometti, dans la salle baptisée « Majesté ».

Marie-Ange Dutartre

Visuel page expo : Alberto Giacometti, Grande figure (Femme Leoni), 1947 © MONA/Rémi Chauvin (détail). Image Courtesy MONA Museum of Old and New Art, Hobart, Tasmania, Australia.
Visuel vignette : Andres Serrano, The Morgue (Blood Transfusion Resulting In AIDS), 1992.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 19 octobre 2013 au 12 janvier 2014
PROLONGATION JUSQU’AU 19 JANVIER
Maison Rouge
10 Bd de la Bastille – 75012
Du mercredi au dimanche, de 11h à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Plein tarif : 8€
Tél. 01 40 01 08 81
www.lamaisonrouge.org