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Transmission/Transgression. Maîtres et élèves dans l’atelier : Rodin, Bourdelle, Giacometti, Richier...

Pour devenir sculpteur à la fin du XIXe siècle, le passage par l’atelier d’un maître est recommandé, voire indispensable pour obtenir la caution nécessaire pour avoir accès aux Salons et exposer. Reçu second au concours d’admission de l’École des beaux-arts de Paris en 1884, c’est donc tout naturellement qu’Antoine Bourdelle (1861-1929) entre dans l’atelier d’Alexandre Falguière. Il y reste deux ans, avant de se considérer capable d’installer son propre atelier, au16, impasse du Maine (aujourd’hui musée Bourdelle). Bourdelle se fait un nom, mais doit gagner sa vie. Il va se mettre au service de Rodin, de 1893 à 1908, réalisant six marbres pour lui, prenant aussi conseil auprès du maître pour ses propres commandes.

À partir de 1909, devenue une figure majeure de l’enseignement des arts à Paris, Bourdelle, personnalité charismatique et pédagogue bienveillant, attire des élèves venus de toute l’Europe à qui il apprend à créer d’après modèle, à construire des volumes (une obsession de la construction chez Bourdelle qui ne jure que par les bâtisseurs de cathédrales, les derniers selon lui à avoir compris les grandes lois de l’architecture), à mettre aux points, à tailler, à assembler des figures, parfois monumentales. Il en formera près de cinq cents, dont certains deviendront célèbres, comme Etienne Hajdu, Alberto Giacometti ou Germaine Richier. « Tout ce que je sais, c’est Bourdelle qui me l’a appris… », témoigne Germaine Richier en 1956.
Les ateliers de Bourdelle, impasse du Maine et à la Grande Chaumière (académie fondée en 1904), sont parmi les plus fréquentés de Paris. « Je ne suis pas un maître d’école, un professeur, mais un artiste qui travaille avec vous », se définit Bourdelle qui fait souvent appel à ses élèves pour poser (La Roumaine, La Chilienne, La France…). Il épousera même l’une d’elles, la grecque Cléopâtre Sevastos, en 1910 (Femme sculpteur au repos, 1905-1908). Elle deviendra la gardienne du temple, créant un musée sur le site de l’atelier pieusement conservé, et le léguant à la Ville de Paris, en 1949.

Au travers de 162 œuvres, photographies, dessins, archives et sculptures (de Bourdelle, Rodin, Richier, Giacometti…), cette exposition présentée au musée Bourdelle met en lumière les rapports complexes qui se nouaient entre maître et élève, artiste et praticien. Une passionnante plongée au cœur des ateliers qui peuplaient Montparnasse au XIXe siècle, dont celui de la Grande Chaumière, vendu aux enchères le 16 octobre 2018, signant à court terme la disparition de ce lieu mythique de l’histoire de l’art parisienne qui en évoque d’autres à Montmartre, que l’exposition « Artistes à Montmartre : lieux et ateliers mythiques ». fait revivre, jusqu’au 20 janvier 2019.

Catherine Rigollet

Visuels : Anonyme, Bourdelle et ses élèves à l’Académie de la Grande Chaumière, 1924 (d’après la publication concernant Shimizu). Photographie. Archives Shimizu, Japon.
Vue de l’exposition : L’enseignement de la « science de la sculpture ». Photo : L’Agora des Arts.
Antoine Bourdelle, Femme sculpteur au travail, 1906, bronze, épreuve n.3, fondue par Alexis Rudier vers 1920. 68 x 54 x 38 cm. Musée Bourdelle, Paris. Photo : L’Agora des Arts.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 3 octobre 2018 au 3 février 2019
Musée Bourdelle
18, rue Antoine-Bourdelle 75015 Paris
Tous les jours, sauf lundi, 10h-18h
Plein tarif : 8 €
www.bourdelle.paris.fr