Novarina, Valère - Peintre, Auteur, Metteur en scène

Valère Novarina dans son atelier

Valère Novarina dans son atelier

Valère Novarina dans son atelier

Valère Novarina dans son atelier

Valère Novarina dans son atelier

Valère Novarina dans son atelier

Valère Novarina

Valère Novarina

Valère Novarine, palette

Valère Novarine, palette

Un Temps...

Un Temps...

Deux Temps...

Deux Temps...

Descente terrestre

Descente terrestre

L’Origine rouge

L'Origine rouge

Le Massacre des Innocents

Le Massacre des Innocents

Pentecôte

Pentecôte

Traversée

Traversée

Ossifère

Ossifère

Valère Novarina dans son atelier

Valère Novarina dans son atelier

Double langage

Surtout connu comme auteur et metteur en scène (dont le récent L’Homme hors de lui, en 2017 au Théâtre de la Colline à Paris), l’homme de théâtre Valère Novarina est aussi un grand peintre. C’est le peintre que nous avons rencontré, dans son atelier de Normandie, aux beaux jours, car l’atelier n’étant pas chauffé, il ne peut y travailler qu’à partir du printemps.

Mais l’homme de plume est indissociable de l’homme du pinceau. Se nourrissant mutuellement d’une même culture, d’une même fougue, d’une même nécessité vitale. À la jubilation de ses textes denses, imagés, nourris de métaphysique, de jeux de mots, de lecture de la Bible, de poésie (il a rédigé un mémoire sur Antonin Arthaud) et d’histoire de l’art (de Piero della Francesca à Arnulf Rainer en passant par Osbert, Gauguin, Cobra, de Kooning, Soutter ou Dubuffet avec lequel Novarina a entretenu une longue relation épistolaire), répond une peinture issue du même riche humus. Une peinture flamboyante et intranquille, bouillonnement de couleurs crues (bleu, noir, rouge) sorties pures des pots d’acrylique, et d’où émergent des points, des courbes, des signes à la Miró, des masques, des formes organiques, des silhouettes (Le Massacre des innocents) ou des squelettes (Ossifère), et qui semblent avoir été projetés sur la toile avec la violence d’une logorrhée.

Le dessin et la peinture sont inscrits dans le patrimoine génétique et culturel de Valère Novarina (né en 1947 à Genève). Son père architecte, dessine et peint sans cesse, et travaille avec des artistes comme Bazaine et Manessier. Une effervescence artistique dont le jeune Valère gardera l’empreinte. Un jour, dans les montagnes de Thonon, le dessin sauvera de la page blanche l’écrivain qu’il est devenu. Quinze jours d’affilés, il ne fait que dessiner et découvre que cela stimule son imagination. La main est devenue l’organe de la pensée. Il poussera l’expérimentation de cette maïeutique jusqu’à dessiner sans s’arrêter plusieurs jours durant, comme à La Rochelle les 5 et 6 juillet 1983, produisant une accumulation de 2587 dessins, exposés à la galerie de France en 1987 ; date à partir de laquelle il exposera régulièrement dans les galeries et musées.

Cette pratique forcenée du dessin a changé en profondeur sa manière d’écrire. « Un mot change et tout change, comme vous mettez du bleu avec du rouge ». Et tout comme il met ses toiles au mur, il y accroche ses textes pour les regarder autrement, les corriger, pratiquant « une sorte d’écriture pariétale ». Sur de grands formats, carrés de préférence car « ils peuvent se regarder dans tous les sens », Novarina peint avec la sincérité d’un artiste qui s’offre par le biais de ce médium une transformation du réel et un apaisement. Une peinture qui produit aussi de l’énergie, assure-t-il, notamment aux acteurs qui jouent au milieu des décors qu’il crée et peint lui-même. Une peinture qui fait souvent l’objet de repentirs (une série porte même ce nom), jusqu’à ce qu’un titre s’impose à la toile posée sur le chevalet. « Je sais alors que le tableau est fini », glisse-t-il comme libéré, plissant ses yeux bleus enfin rieurs.

Catherine Rigollet (juillet-août 2018)
Portraits Lionel Pagès