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William Anastasi : Three Conic Sections

Artiste américain (né en 1933), longtemps proche de John Cage, William Anastasi est l’un des fondateurs de l’art conceptuel et minimaliste dans les années 60 et probablement le précurseur des œuvres in situ. En 2006, il avouait pourtant dans une interview américaine “être encore relativement invisible”. Il faut donc découvrir cet artiste multimédia qui se réinvente sans cesse, qui peint, sérigraphie des phrases entières, griffonne sur du papier à la Twombly au rythme des secousses du métro, “sculpte” des ready-made, se photographie et recherche moins l’esthétique que l’expérience méditative ou le hasard des symboles associés aux formes.
Méditatives, ces “trois sections coniques” le sont ! La galerie a installé, sur instructions de l’artiste, trois œuvres monumentales conçues en 1968. Elles sont faites de centaines de fer à béton obtenues chez Arcelor-Mittal, non soudées, dont la longueur est déterminée par la hauteur du mur et dont l’orientation suit la diagonale du mur. Le résultat est comme une houle sombre figée, une cape noire stoppée dans son mouvement d’enveloppement. Le regard est happé par la courbure, derrière la solidité apparente on devine la fragilité de l’installation. Comment ces quelque 500 à 800 fers peuvent-ils tenir ? Secret de fabrication, répond la galerie.

Quarante ans plus tard, un autre artiste utilisera les fers à béton. Straight (2008-2012), d’Ai Weiwei est un empilement de ces fers, récupérés dans les ruines des maisons et écoles du Sichuan après le tremblement de terre, et redressés à la main. Un hommage aux victimes en même temps qu’une dénonciation de l’incurie des constructeurs. Œuvre méditative de celui-là, œuvre engagée de celui-ci à partir du même improbable matériau. Une quatrième œuvre vient compléter l’exposition : Untitled (Jacob’s ladder), 1968, où clous plantés à même le mur et jeu savant d’ombre et de lumière offrent une version minimaliste de l’échelle rêvée dans la Genèse. À chacun, sa propre interprétation.
Souhaitons que la galerie poursuive son exploration de l’œuvre d’Anastasi. Quatre œuvres seulement, mais une bien belle découverte !

Elisabeth Hopkins

Visuel : William Anastasi, Conic Section, 1968, metal rods, dimensions variable (site specific) « Recipe » signed by the artist. Photo : François Doury

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 28 avril au 16 juin 2018
Galerie Jocelyn Wolff
78-80, rue Julien Lacroix, Paris 20e
Ouvert du mardi au samedi, de 11h à 19h
Entrée libre
www.galeriewolff.com